Livre Matricule 36624

"Moi l'abandonnée toute ma vie à la recherche de mon histoire, des miens et
aujourd'hui je sais, encore quelques petits détails qui me chiffonnent, et j'ai retrouvé
mes frères et soeurs, aussi j'aimerai donner espoir à ceux qui cherchent"
Michelle Michelle
1
Voilà tout commence en mille neuf cent cinquante-six , ma maman, jolie jeune
femme de dix-sept ans se retrouve enceinte d'un homme de vingt ans son aîné et
divorcé de surcroît, la honte pour l'époque, mes grands parents des gens
respectables et respectés se sont vu pointer du doigt par le voisinage, ma grand
mère femme très intelligente, elle était comptable ,rare en mille neuf cent cinquantesix
et mon grand père issue de l'immigration flamande était un travailleur acharné à
l'usine de sucre de la région, ils ont eu deux enfants, ma mère et un garçon qui était
à l'armée, ma mère comme toutes les jeunes filles, travaillait à l'usine de son père et
c'est là qu'elle a connu mon géniteur, et de là la famille a connu le "qu'en dira-t-on",
mes grands parents en ont beaucoup souffert ainsi que mon oncle qui a découvert
cela lors d'une permission.
Faut dire qu'à l'époque les filles enceintes sans être mariées étaient des filles de
rien,des "marie couche toi là", j'imagine un peu l'ambiance qui devait régner....
Je suis arrivée le 9.11.1956 pas dans la joie, pour ma mère je fus ce fardeau lourd à
porter si bien qu'elle ne m'a reconnue que le 21 novembre à l'état civil, j'ai su par la
suite qu'elle ne me voulait pas mais sur la pression de mes grands parents, elle a
décidé de me reconnaître chose que n'a pas fait mon géniteur..
J'ai découvert ce dernier point quarante ans après ,quel choc... j'ai donc pu
comprendre ce qui suivra dans les prochains épisodes....
2
Une fois rentrée de la maternité chez mes grands parents, ma mère a continué à
fréquenter mon père, du coup mes grands parents ayant un logement très grand
genre ancienne ferme ont mis à disposition une partie de leur maison pour le couple
et pour moi, c'est là que mon calvaire a commencé, ma mère ne me supportant pas
à commencer si petite à me malmener, mes cris l'épouvantaient si bien qu'elle en
arrivait à me battre, sans ma grand mère et des voisins je ne serais pas là entrain
d'écrire, je fus son souffre douleur,elle en était arrivee à frapper sa propre mère et
tout le monde savait mais personne ne dénonçait, toujours cette loi du silence, tout
cela je l'ai su en recherchant....
Ma mère et mon père se disputaient sans cesse, lui était plutôt le type instable
changeant plusieurs fois de travail mais parait il gentil avec moi quand ma mère le
laissait s'occuper de moi, malheureusement il s'est retrouvé plusieurs fois à l'hôpital
en s'interposant entre elle et le bébé que j'étais.
Ma grand mère complètement apeurée par la situation a du faire plusieurs séjours en
hôpital psychiatrique et mon grand père s'est muré dans un mutisme total...
Ma mère en a profite pour faire régner sa loi ,celle de la violence et la main mise sur
toute la maisonnée
Cet épisode m'a été raconté par des voisins de l'époque, j'ai senti chez eux la
culpabilité de n'avoir pu parler... mais dans les petits villages tout cela était caché......
3
Durant ma petite enfance, j'ai donc vécu ainsi dans la peur, les coups, les disputes,
j'ai assisté à des scènes effroyables, ma mère semait la terreur au sein de la maison,
mon oncle rentré du service militaire s'est marié et lors de visites à ses parents, il
s'est interposé plusieurs fois et lui aussi devant sa jeune épouse s'est vu molesté à
coups de tison par sa propre soeur mais ce que je n'arrive pas à comprendre c'est
que personne ni lui même a fait intervenir la police,ni les services sociaux etc. …
Toujours ce silence de la HONTE je pense.....
Puis ma mère, un jour enceinte de nouveau, partit quelques jours pour donner
naissance à ma cadette, "Véronique", quel bonheur pour moi, une petite soeur, jolie
petite brunette, tout le portrait de maman, là mon géniteur a reconnu cette enfant
J'étais heureuse comme pas deux, mais ce fut de courte durée...
Ma mère n'avait que d'yeux pour Véronique et moi j'étais toujours ce fardeau pour
elle, la vie du couple ne s'arrangeait pas, ma mère ne travaillant pas et celui qui était
mon père non plus,mon grand père ayant coupé les vivres et interdisant ma grand
mère de venir nous voir,mon géniteur s'est mis à voler, certes pas de gros larcins
mais de la nourriture, il fut arrêter par les gendarmes après de nombreuses plaintes
et fut incarcérer (à l'époque on faisait de la prison pour le vol d'une botte de poireaux)
4
A la suite de cela,ma mère pris pour compagne la boisson,mon calvaire redoubla,je
fus ce que l'on appelle 'une enfant battue', les coups pleuvaient, je devais si petite
m'occuper de la maison,de ma petite soeur, oh je fus très vite une petite ménagère
accomplie, je devançais les choses pour être reconnue aux yeux de ma mère,les
couches qui étaient des langes à l'époque, les biberons,la lessive avec la grosse
machine en bois,la cuisinière au charbon etc. ... tout cela n'avait rien de secret pour
moi et cela en plus de l'école ou j'excellais mais j'y allais souvent rouée de coups et
là aussi c'était la loi du silence.. Certes j'étais très propre, bien habillée, polie malgré
ses nombreux défauts ma mère mettait un point d'honneur à cela.
Souvent ou j'arrivais le matin en classe avec des bleus et que la maîtresse me disait
"mais voyons ma fille t'est une bonne à rien, tu ne tiens pas sur tes quilles " devant
toute la classe, j'en ai énormément souffert mais jamais je n'aurais dit que c'était ma
maman qui me faisait cela, d'abord la honte et la peur de représailles me faisaient taire.
A la maison, mes grands-parents ont déménagés dans la ville voisine, ce fut pour
moi très douloureux, je ne pouvais plus aller me réfugier chez eux en cachette et là le
plus terrible arriva
J'ai passé des nuits dans la niche du chien rouée de coups, j'ai eu la mâchoire
fracturée puis une jambe,je volais souvent du grenier à foin de la grange ou je me
terrais,je ne sais pas encore comment je suis là aujourd'hui, au cours des repas j'ai
eu une fourchette plantée dans le front pour avoir fait trop de bruit en mangeant et
bien évidemment mes repas se limitaient aux restes ou alors mon assiette volait
dans le jardin
Ma petite soeur elle heureusement grandissait sans tout cela mais dans la peur
quand même, elle assistait à tous ces actes de violence
Dans ma tête trottait aussi toujours cette phrase que me lançait ma mère "SI TU
N'ETAIS PAS NEE JAMAIS , J'AURAIS EUE CETTE VIE LA,C'EST TOI PETITE
BATARDE,C'EST PAR TOI QUE LE MALHEUR EST ARRIVE,CREVE CREVE" Cela
me poursuit encore aujourd'hui....
A l"époque je ne comprenais pas, je me sentais comme quelqu'un de pas bien,pas
gentil enfin pour résumer "un monstre"
5
Mon géniteur sorti de prison et essaya de revenir à plusieurs reprises, faut dire que
moi j'étais contente car lui seul me donnait le peu d'amour dont j'avais besoin, il se
mettait toujours entre moi et ma mère, je l'appelais toujours Papa, il me coiffait
toujours avec de jolis rubans dans les cheveux et soignait mes blessures...
Le couple se reforma tant bien que mal avec toujours de la violence
Mon père recommença à voler pour nous nourrir ,véronique et moi et se fit reprendre
par les gendarmes,je ne l'ai plus revu depuis ce jour là
De là ma mère après la boisson, s'adonna à la prostitution avec la communauté de
noirs africains et maghrébins qui étaient en France et travaillaient à la tuilerie voisine
(main d’oeuvre que l'on faisait venir car un grand manque en France)
Je restais souvent seule à la maison avec ma petite soeur dans cette grande maison
et un jour ma mère n'est pas rentrée, je prie peur, j'ai pris ma petite soeur par la main
et je suis partie à pieds, traversant la foret pour aller chez mes grands parents à la
ville voisine, une fois arrivée,épuisée,ma petite soeur en larmes, (elle ne sortait
jamais,avait peur de tout,très sauvage,elle hurlait à la mort), je dus calmer Véronique
car mes grands parents habitaient dans la maison attenante à celle de mon oncle et
je devais passer par son jardin pour aller chez eux sans me faire repérer
J'ai pu voir ma grand mère qui nous raccompagna et là ma mère, rentrée, se mit
dans une colère inouïe, elle mis sa mère dehors et me donna la dérouillée du siècle
et mit Véronique au lit
Ce soir là,je n'avais pas la force de manger,ma mère me fit passer la nuit de
nouveau dans la niche du chien ,attachée à la chaîne
Le lendemain matin,c'est mon grand père qui est venu sans un mot me délivrer, mon
pauvre vieux Pilot, mon compagnon, mon confident, celui a qui je me confiais était
mort dans mes bras, ce chien était pour moi mieux que tout être humain, j'ai eu
beaucoup de chagrin
Mon grand père m'emmena à l'école et toujours sans un mot repartit
En rentrant le midi, je trouvais ma mère au lit, je n'ai pas compris, on l'emmena en
ambulance, Mon Dieu elle est malade me dis je alors !!!
Ma grand mère resta avec nous, et comme je la bombardais de questions,elle me dit
que je venais d'avoir un petit frère
Comment était il arrivé ? Je ne l'ai jamais vu venir à la maison, car soit disant
malade, j'ai su par la suite qu'elle l'avait abandonné car handicapé....
6
Ma mère rentra donc de maternité sans mon petit frère, je ne comprenais pas car
bien évidemment je ne posais pas de questions, tout ce que j'ai pu avoir comme
indices c'est qu'il était malade et qu'il se prénommait Hervé ...
Ma grand mère repartit chez elle,et ma mère se mit à boire plus que de raison, je
continuais comme si rien n'était à m'occuper de ma petite soeur Véro, de la maison et
d'aller à l'école, Véro étant trop petite, elle restait avec ma mère
Un jour les gendarmes sont venus nous chercher Véro et moi pour nous interroger
suite à l'arrestation de notre père, c'est avec frayeur que nous sommes arrivées à la
caserne, mais les épouses de gendarmes nous ont pris en charge,elles nous ont
couvertes de friandises, de jouets, j'ai compris par la suite c'était pour nous faire
parler...
Véro n'a pas desserré les dents et moi je n'ai rien pu raconter,j'avais bien trop peur,
ils nous ont donc reconduites à la maison et ma mère s'est mise à me frapper pour
savoir, j'ai passé ce jour là la nuit à genoux les mains sur la tête dans la grange et
elle venait voir si je ne m'endormais pas sinon c'était les coups....
De là, la vie a continué ainsi,toujours les brimades pour moi, cela allait des cahiers et
livres d'école qui brûlaient dans la cuisinière,"TU NE DOIS PAS APPRENDRE" me
disait elle "UNE BATARDE NE DOIT RIEN SAVOIR,TU SERAS TOUJOURS UN
BOULET" et la privation de nourriture, un jour j'ai reçu une hache à bois à deux
centimètres de la tête, j'ai eu la frayeur de ma vie et j'en passe...
C'était les grandes vacances fin Juillet,ma mère se coucha de nouveau, j'ai cru
qu'elle avait trop bu, mais des cris de douleur m'ont encore fait très peur, "si elle
mourait m'étais je dit "je suis allée quand même voir et là elle criait au secours, je
suis allée chez une voisine Rita, a qui je n'avais pas le droit de parler, celle ci alla
chercher ma grand mère et de nouveau ma mère étant enceinte donna naissance à
une petite soeur, cette fois ci je suis allée à la maternité la voir avec Mamy, Anne-
Marie jolie petite brunette mais de type maghrébin, ça ma choquée et là je demande
à ma grand mère pour le petit frère et elle me répond les larmes dans les yeux, ho tu
sais il est malade et ta maman a du l'abandonné,je n'ai pas bien compris à l'époque,"
abandonné ? "
Nous sommes rentrées chez ma mamy et mon oncle voyant cela a alerté les
services sociaux, une assistante sociale est donc venue chez mes grands parents,
ils ont discutés vivement, et là une voiture avec deux dames nous attendait dehors,
ma grand mère s'est mise à pleurer que dis je à hurler en nous serrant dans ses bras
et les deux dames nous tiraient par le bras en lui disant "c'est mieux ainsi Madame"
J'ai compris là que quelque chose de grave se passait, ma petite Véro hurlait et moi
j'étais tétanisée, elles nous ont mises dans la voiture,ma grand mère hurlait toujours
en s'accrochant à la portière et mon grand père qui ne faisait jamais rien paraître
avait les larmes qui coulaient, ce fut la dernière fois que je les vis
Nous sommes arrivées à l'aide sociale à l'enfance, (DASS) dans un foyer sans âme,
des barreaux aux fenêtres,on nous a mis des guenilles, rasé la tête et on m'a séparé
de ma petite soeur,jamais j'oublierais ses hurlements dans ce grand couloir gris, je
les entendus des nuits et des nuits durant......
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
le foyer rue d'Esquermes a Lille
Petit poème dédié à ma petite soeur Véronique
Par un matin de juillet
Te tenant par la main
Petite soeur apeurée
Sans penser au lendemain
Nous avons débarqué
Pétrifiées dans ce foyer
Longeant les couloirs grisâtres
Entendant tes cris déchirés
Je ne pouvais me douter
Que cette vieille marâtre
Allait nous séparer
Moi remplie de haine et toi d'effroi
Te serrant fort contre moi
Petite soeur apeurée
Jamais cet instant j'oublierai
Des années se sont écoulées
Et pas un jour ne ressasse
Petite soeur apeurée
cet ignoble passé a la DASS
7
Me voilà donc dans ce foyer, à l'époque c'était pire que la prison, il fallait se battre
pour manger, dormir et tout était prétexte à corvées, j'ai intégré les fauvettes et ma
petite soeur les pinsons, je suis arrivée le 1er soir au réfectoire après avoir fait le tour
du bâtiment avec l'éducatrice de service pour voir ou j'allais dormir, me laver, aller en
classe, Hé oui, l'école était à l'intérieur, l'infirmerie qui servait aussi de pièces
d'isolement en cas de maladie, la chapelle et bien évidemment le cachot avec toutes
les menaces qui allaient avec,mon dieu me dis-je ou suis je tombée ?
J'étais très apeurée et je pensais à ma petite soeur, elle ne m'avait jamais quitté,elle
si sauvage, je demande timidement à l'éducatrice qui me répond "TAIS TOI SINON
JE TE MET DIRECT AUX HIRONDELLES", c'est un groupe de filles qui ont soit
fuguées ou désobéis ou sont handicapées soit mentales ou physiques. elles étaient
enfermées à la cave aménagée sans voir les autres et ni la lumière du jour pire que
des bêtes.
Je me tus donc mais en passant dans le couloir la porte du groupe les "Pinsons" était
ouverte, Véronique me voyant accourue vers moi en criant, elle a reçu le coup de
pied du siècle, je me suis mise entre elle et son éducatrice et là évidemment j'ai été
punie "corvée de chiottes"
J'arrive donc au réfectoire,on me désigne ma place, les autres filles pas un regard
pour moi, on aurait dit des petites sauvages,elles claquaient leur assiette en fer et
hurlaient "la bouffe, la bouffe" ce soir là je n'ai pas eu à manger, le plat déposé sur la
table, c'était purée saucisse, elles se sont jetées dessus, et lorsqu'elles se sont
assises, tout était vide, ma voisine de table qui a tout vu m'a tendu son pain en me
disant ici si tu veux tenir faut te battre,pique les avec ta fourchette mais prends ta
part sinon t'aura rien.
Chose que j'ai fait les jours suivants.... A part la violence de ces filles que j'ai compris
par la suite, en fait elles étaient toutes traumatisées et chacun devait faire sa loi
sinon c'était la bagarre.
J'ai su me faire une place car avec mon expérience de petite ménagère,les corvées
étaient pour moi ,faciles, le plus était la douche,on était dix dans chaque et
l'éducatrice appuyait sur le bouton en hurlant "Mouillez, savonnez, rincez" pas mal
sortaient encore savonneuses ou pas lavées mais tant pis....
J'ai continué ainsi sans pouvoir voir ma petite soeur, et j'ai intégré la classe, une
institutrice assez gentille me fit passer des tests, elle fut très étonnée de mes
connaissances, elle fit venir la directrice et elle dit textuellement "Faut faire quelque
chose pour cette fille, elle ne peut pas rester ici " Du coup j'étais contente, je me dis
on va me sortir d'ici, j'ose alors parler à l'institutrice de ma petite soeur pour savoir si
elle viendrait avec moi et là elle me réponds "ta petite soeur, tu sais,elle est trop
sauvage, on va lui trouver une famille pour qu'elle devienne une enfant comme les
autres" Je lui répond "mais j'ai une famille "Je sais" me dit-elle mais ici c'est pas toi
qui décide, tu pourras aller la voir quand tu veux si tu fais ce que l'on te dit...
Toute contente,j'obéis donc,et voilà que je suis convoquée chez l'assistante
sociale,elle m'a trouvé une famille d'accueil ou il y a deux petites filles et je serais
chez eux d'abord le week-end et puis les vacances scolaires, j'y serais bien la dame
est une ancienne pupille et elle pourra te comprendre...
Chouette, je leur parlerais de ma petite soeur et aussi de mon petit frère et de l'autre
petite soeur, j'avais espoir mais ce fut de courte durée
8
Je fus accueillis dans cette famille d'accueil, comme la rentrée scolaire était déjà
commencée, j'y allais le jeudi à l'époque, et le week-end et les vacances, le monsieur
venait me chercher, ils étaient gentils, il y avait une petite fille de mon age et un bébé
et le monsieur lui avait une fille déjà mariée d'une précédente union
Comme tout allait bien et que je pouvais enfin respirer, je leur parlais de ma petite
soeur et des deux autres, ils firent la demande pour voir si on pouvait éventuellement
les accueillir aussi
J'étais heureuse, peut être aussi qu'ils me laisseraient voir mes grands parents, je
leur demandais si je pouvais écrire mais ils devaient demander l'autorisation qu'ils
n'ont pas obtenue car soit disant mes grands parents trop âgés fallait pas les
déranger.
L'année scolaire se termine et ils ont obtenu que j'intègre leur foyer à temps plein et
ma petite soeur devrait me rejoindre par la suite, par contre les deux autres enfants,
non car selon eux ils ont été adoptés, je ne savais pas ce que c'était à l'époque
"adopté" mais ils m'ont dit que malheureusement je ne les verrais jamais, qu'ils
avaient été accueillis par une autre maman et que cette dernière allait les élever
comme les siens.. cela m'a consolé un peu mais j'ai toujours je ne sais pas pourquoi
eu un doute,j'en rêvais la nuit.....
Puis Véronique est arrivée au bout d'une bonne année, et là tout a changé,notre
calvaire a commencé pour toutes les deux...
Ma petite soeur était une enfant très instable, complètement hystérique parfois, la
pauvre avec tout ce qu'elle a vu et tout ce qu'elle a du endurer au foyer,elle était très
nerveuse et faisait des crises pour un rien mais moi seule je comprenais,j'essayais
de la raisonner le soir en allant au lit mais rien n'y faisait,elle aurait du être pris en
charge mais à l'époque on ne faisait pas attention à cela....
Du coup le maître de maison s'est mis à la frapper avec son ceinturon, elle était
souvent aussi privée de nourriture et il avait deux bergers allemands, il l'enfermait
avec les chiens dans le chenil pendant toute la nuit en lui disant "JE VAIS TE
DRESSER FILLE DE RIEN,TOUS PAREILS CES GOSSES DE LA DASS,DES
BONS A RIEN,TU SERAS CLOCHARDE MA FILLE"
La mon sang ne fit qu'un tour, je revivais ce que j'avais enduré avec ma mère, je me
suis mise à la défendre, je devançais ses bêtises mais il n'était pas dupe, je fus donc
mise au même régime, je devins "LEUR CENDRILLON DES TEMPS MODERNES"
Puis pour me punir, il a reporte ma petite soeur à la DASS en disant qu'elle était folle
et qu'elle n'était pas normale, un jour en rentrant de classe tout était parti, les affaires
et la petite soeur et il me cracha à la figure "MAINTENANT ON VA S'OCCUPER DE
TON MATRICULE"
Je découvris alors que j'étais tombée chez un tyran, son épouse complètement
soumise ne disait rien et ses filles non plus.
Je travaillais toujours bien à l'école et j'ai obtenu tous mes diplômes, mais j'étais
toujours mineure, un jour devant aller chercher mon trousseau (valise de vêtements
donnés par la DASS à leur pupille), je me suis sauvée et j'ai réussi à aller au foyer et
je leur ai raconté ma vie dans cette famille,j'ai été très mal reçue ,ils m'ont reconduite
séance tenante en me disant que j'avais la chance d'avoir une nouvelle famille et je
leur devais le respect et que je n'avais pas à me plaindre ainsi....
A mon retour, je reçu une volée de coups de ceinturons que je n'ai pas su m'asseoir
pendant plusieurs jours...
Je revivais le calvaire, c'était les corvées, je mangeais les restes, et je devais les
servir comme des princes même les filles s'y mettaient à me donner des ordres
comme à une bonniche.
J'ai obtenu cette année là à seize ans un CAP de sténo dactylo et j'ai trouvé du
travail dans une société de transports.
Le soir j'étais dans toujours la "cendrillon" et toujours les coups et plus grave le
maître de maison me faisait des attouchements du genre à me toucher la poitrine,
les fesses, je ne restais jamais seule avec lui, je fermais la porte de la salle de bain à
double tour et me barricadais le soir dans ma chambre.
J'ai échappé a plusieurs tentatives de viol, j'étais devenue assez costaud et j'avais la
chance de SAVOIR un peu les choses de la vie comme on dit grâce à des
magazines genre "salut les copains".
Un jour sous son emprise,je lui ai donné un coup de genoux violent dans les parties,
il en est tombé dans les pommes.
Sa femme savait, tout le voisinage et personne ne parlait "LA LOI SU SILENCE"
Jamais j'ai vu un travailleur social, ni les services de la DASS, j'étais casée point
final, je n'ai pu ,non plus, voir ma soeur.
J'étais devenue un vrai "pitbull" toujours sur la défensive, et je poursuivis mon
chemin jusqu'à ce jour ou je rencontre celui qui par la suite allait devenir mon
mari..........
9
je dois préciser que je ne parlais jamais à personne de mon calvaire,je l'ai fait par la
suite,mes collègues de travail même si elles s'en doutaient n'ont jamais rien su mais
devant ma mine déconfite, mes habits souvent dépareilles et le midi je n'avais jamais
rien pour manger, je leur disais que je ne mangeais pas,que je mangeais mieux le
soir, je pesais quarante kilos à dix-huit ans.
Un jour l'une d'elle m' a invitée à un bal que ses parents organisaient, moi qui n'avait
pas le droit de sortir, je n'avais pas d'amis, j'ai osé demandé à mon Thénardier et
miracle, il m'a accordé la permission de minuit
Ce soir là, je mis mes plus beaux vêtements, une fille m'avait passé des escarpins et
un sac assorti et elle me fila un peu de maquillage, j'étais présentable et nous nous
sommes rendues à ce bal.
J'étais malgré mon assurance assez intimidée, je rejoignis ma collègue qui me
présenta une tablée à laquelle je fus conviée....
Le rock, les slows, et bien d'autres que je ne savais pas du tout danser furent pour
moi une première mais je me suis bien débrouillée...
Faut dire qu'un garçon de la tablée ne m'a pas quitté des yeux de toute la soirée et il
me posait beaucoup de questions, m'invitait à chaque fois à danser...
Sur un slow, il m'a fait un bisou sur le front, ça m'a fait tout drôle, je n'ai jamais reçu
de bisous,j'ai cru rêver mais c'était la réalité...
Ma collègue me dit à l'oreille "tu as un ticket avec DD " c'est un gentil garçon, je lui
répondis "n'importe quoi,je ne le connais même pas".
Pour la première fois de ma vie, je me suis éclatée mais malheureusement les
bonnes choses ont une fin et minuit approcha à grands pas,cendrillon devait rentrer,
DD en fin gentleman se proposa de me raccompagner, j'ai refusé mais il m'a suivi
sans rien dire, arrivée au bout de ma rue, il m'attrapa le bras doucement,me serra
dans ses bras, et m'embrassa tendrement, j'en étais toute retournée, je courus vers
la maison pour rentrer...
Cette nuit là mes rêves n'étaient pas les mêmes, était il possible que quelqu'un fasse
attention à moi ? je ne me faisait pas d'illusions demain ma belle soirée sera envolée
et je reprendrais mon train train quotidien...
Mais il n'en fut rien, le lendemain il m'attendait à la porte de mon travail et le
surlendemain et puis les autres jours, cette fois ci c'était pour du bon, mais j'avais
peur, une crainte qu'il a ressenti et un jour par brides je lui ai raconté mon calvaire, je
me suis dit il va se sauver mais non,au contraire,il a été d'une attention encore plus
grande, je dus me rendre à l'évidence, j'avais enfin trouvé l'amour, j'ai eu beaucoup
de mal à mettre un mot sur ce qui m'arrivait... La petite cendrillon avait trouvé son
prince charmant....
Je dois dire que DD était vraiment gentil, pas un mot plus haut que l'autre, il a tout
fait pour m'apprivoiser,avec lui j'oubliais tout,il a su trouver les mots pour me
rassurer...
au bout de quelque mois, il voulait me présenter à ses parents, mais moi je devais
d'abord avertir mes Thénardier, comment leur dire ?
j'ai pris mon courage à deux mains et je leur ai annoncé, le maître de maison m'a dit
dans un grand éclat de rire " pfft, "tout ce que tu peux trouver c'est un repris de
justice ou un clodo, j'espère que tu ne feras pas la pute comme ta mère et ta intérêt
de pas faire de connerie, ne te retrouve pas en cloques sinon je te péter le bide "
D'ailleurs on en veut pas ici me dit il, et tu sortiras si t'es gentille avec moi sinon, il ira
se faire voir ton gars....
Je n'osais pas le dire à DD,mais comment faire, je dus parler au bout d'une semaine,
et le dimanche d'après, il s'est présenté de lui même, il a sonné à la porte,c'est mon
bourreau qui lui a ouvert et curieusement, il l'a bien reçu en lui disant que je n'étais
pas pour lui,que j'étais la fille d'une soûlote, putain de surcroît et qu'il ferait mieux
d'aller voir ailleurs,mais que si c'était son désir hé bien au moins il aurait été
prévenu....
10
J'eus donc de sortir un peu le week-end, le samedi soir pour aller au cinéma ou
éventuellement chez des amis de DD mais à quel prix, le maître de maison en bavait
de jalousie de me voir heureuse enfin,il envoyait sa femme me poser des questions
sur les relations que j'avais avec mon copain,et lui même me narguait avec des livres
porno ou autres réflexions débiles mais je fis toujours de l'ignorer...
DD devait venir me chercher pour sortir mais avant de partir je devais faire toutes les
corvées, il restait assis sur une chaise me regardant courir à droite à gauche et sans
que personne ne lui parle
Un jour n"y tenant plus de me voir ainsi bafouée, il voulut intervenir mais ayant peur
de la bagarre et des conséquences je lui ai fait promettre de ne rien faire,mon
bourreau était armé,on ne sait jamais....
Au bout de quelques temps,DD m'invita à rencontrer ses parents,je fus invitée un
dimanche midi, DD était le dernier d'une fratrie de quatre garçons.
Ses parents étaient des personnes respectables, je fus bien reçue sur le moment
mais les questions ont commencé à fuser et je dus leur dire que j'étais en famille
d'accueil suite à mon placement à la DASS et là j'ai senti une réticence, ça a jeté un
froid, puis pour le café sont arrivés ses frères avec leurs épouses,des gens
chaleureux, je fus accueillis par ces derniers...
La journée toucha à sa fin et je dus rentrée et là le père de DD m'attrapa à part dans
le couloir en me demandant ce que j'envisageais pour son fils,il me dit "VOUS
SAVEZ MELLE,NOUS SOMMES UNE FAMILLE UNIE,CHOSE QUE VOUS N'AVEZ
PAS VECUE,JE NE VEUX PAS QUE MON GARCON SOIT MALHEUREUX,IL N'A
JAMAIS MANQUE DE RIEN,AUSSI VEILLER A CESSER TOUTE RELATION AVEC
LUI SI VOUS VOUS NE SENTEZ PAS A LA HAUTEUR,CAR MA FEMME ET MOI
ON NE VOUS FERA PAS DE CADEAUX". Je ne sus que dire,j'ai bafouillé quelques
excuses et je suis sortie en larmes, mon DD, me voyant ainsi me questionna, et je ne
voulais pas lui dire ce que m'avait dit son père, j'avais encore peur des querelles et
c'est surtout ce que je ne voulais pas, je lui répondis que c'était simplement l'émotion
trop forte pour moi.
Il me raccompagna et cette nuit là je n'ai pas fermé l’oeil, au fond de moi je me
sentais encore rejetée,fallait il que je cesse cette relation ?, n'allais je pas faire
éclater une famille ? Serais-je a la hauteur d'une relation durable ?, Demain c'est
décidé faut que je parle à DD, je ne pouvais pas lui donner espoir sans que je sois
acceptee par ses parents mais voilà comment faire ?
Le lendemain,à la sortie de mon travail, DD était là comme à son habitude,ce soir là
très taciturne, il m'invita a aller boire un café et je l'ai senti pas comme
d'habitude,nous nous installâmes à une table et de là me prie les deux mains et me
dit "PARDON", sur le coup j'en fus baba, pardon pourquoi ? Il me répond pour mon
père, la discussion que tu as eu avec lui hier soir, tu sais me dit-il, il ne voulait pas te
faire de mal mais mes parents ne connaissent pas l'abandon, et pour eux les enfants
de la DASS comme beaucoup de gens ignorants sont tous à mettre dans le même
panier et pas fréquentables et je crois aussi qu'ils ont peur pour moi, je suis leur petit
dernier et mes frères sont tous bien casés , faut que tu comprennes aussi, mais j'ai
exigé de mon père des excuses, aussi dimanche après-midi, je viendrais te chercher
et on ira boire le café chez moi, j'ai eu une discussion avec mes parents et je leur ai
dit que j'avais l'intention de faire de toi ma femme que ça leur plaise ou non, je crois
que cette fois ci tu seras reçue comme il se doit...
J'en fus BABA, Je ne savais plus quoi dire, je lui dit qu'il n'est pas question que notre
relation brise les liens avec sa famille,je n'avais déjà pas la mienne alors je me
sentirais encore coupable toute ma vie de cela.
Il me rassura que rien de tout cela se passera et il me raccompagna....
Inutile de dire que toute la semaine, je n'étais pas à l'aise, j'avais hâte d'être à
dimanche, qu'allait il encore se passer? Allais-je encore être de trop ?
11
La semaine fut longue,arriva le dimanche.. A quinze heures, DD vint me chercher
pour aller chez ses parents, je redoutais ce moment, j'avoue que je me suis sentie
très mal arrivée chez eux, la maman me fit asseoir dans le salon et le père arriva
avec le plateau contenant le café, il me tendit la main et me dit "MELLE, JE VOUS
PRÉSENTE MES EXCUSES , JE NE VOULAIS PAS VOUS BLESSER, MAIS DD
NOUS A EXPLIQUE QUE VOUS ETIEZ RENTREE EN PLEURANT, CE N'ETAIT
PAS MON INTENTION , J'APPRENDRAIS A VOUS CONNAITRE AINSI QUE MA
FEMME ", et il s'avança vers moi et me fit la bise,sur ce sa femme rétorqua "SOYEZ
LA BIENVENUE CHEZ NOUS MELLE", ce mademoiselle me gênait, mais je n'ajouta
rien.
Le temps passa ainsi, j'étais toujours la cendrillon dans ma famille d'accueil puis
arriva NOEL, fête que je redoutais et que je redoute encore aujourd'hui, pour moi ce
jour n'avait jamais été la fête, je fus invitée chez DD pour le réveillon, nous sommes
allés à la messe de minuit avant de réveillonner, ses parents étaient de fervents
catholiques, Le sapin et la crèche étaient dressés dans le salon, un feu crépitait dans
la cheminée et pour une fois j'étais entourée de gens joyeux, ce jour là au moment
des cadeaux une surprise de taille m'attendait, DD me fit sa demande en mariage, a
genoux avec son écrin dans la main, d'une voix douce il me lançât
"VEUT TU M'EPOUSER" J'avais les larmes qui coulaient toutes seules, c'est un
OUI ,très émue, je n'arrivais plus à articuler ,il m'offrit une jolie bague qu'il passât à
mon doigt et m'embrassa tendrement.
Je fus très heureuse ce soir là,toute l'assemblée nous a applaudit et avons sabré le
champagne.
Ce fut mon premier et mon plus cadeau,ce Noël là est resté gravé dans mon coeur, il
m'a ouvert sur une autre vie......
DD était pressé de me tirer de ma famille d'accueil,dès la semaine qui suivit, il a
voulu faire les démarches pour que l'on se marie au plus vite, ce n'était pas du tout
du goût de mes Thénardier, ils allaient perdre leur bonniche et en plus mon salaire,
enfin en partie car la DASS leur prenait une partie pour mettre sur un livret le jour ou
je partirais de chez eux.
Nous sommes allés en mairie pour publier les bancs, retenir une date à l'église pour
la cérémonie religieuse mais moi pour me marier, il me fallut des papiers que j'ai du
aller chercher à la DASS, j'ai obtenu un rendez vous pour cela au centre administratif
de l'ASE, une employée aimable comme une porte de prison m'a reçue et me dit
ALORS ON VA SE MARIER, MATRICULE 36624 en riant bêtement, je ne pouvais
plus entendre ce numéro, on m'a toujours appelé ainsi au foyer,et rien que de me le
rappeler ça a fait l'effet d'une bombe.
MADAME lui dis-je, J'AI UN NOM et UN PRENOM SVP MERCI.
JE SAIS me dit-elle mais ici tu seras toujours 36624, tu sais j'ai vu passer des milliers
de bâtards comme toi et c'est pas toi qui va me dire ce que j'ai à faire.
Sur ce elle donna mes papiers et en ouvrant mon dossier enfin je suppose que c'était
mon dossier, elle me dit "hé bien j'espère que tu ne seras pas comme ta mère,elle
en a eu des gosses et tous abandonnés" et là je dis VOUS SAVEZ OU ILS SONT ?
et là elle me dit, "J'AI PAS LE DROIT DE TE LE DIRE,MAIS NE REVE PAS TU NE
LES REVERRAS JAMAIS ,Y EN A QUI SONT A L'ASILE ET LES AUTRES
ADOPTES ET DE PLUS ILS SONT MINEURS", Je demande pour Véronique et là
elle me donne tous les prénoms en vociférant, j'avais encore le stylo à la main avec
lequel j'avais signé les papiers et je découvris que j'avais non pas un frère et deux
soeurs mais deux frères et trois soeurs, d'autres enfants avaient vu le jour depuis, je
griffonnais donc les prénoms sur un papier Véronique, Hervé, Anne-Marie, Sylvie et
Frédéric ...
Je suis rentrée toute bouleversée ce jour là et à partir de ce moment je me suis dit
"JE LES RETROUVERAIS TOUS COUTE QUE COUTE"
Notre mariage fut fixé pour le 10 mai de l'année suivante, Les parents de mon futur
époux rencontrèrent mes Thénardier, je n'étais pas leur fille donc le mariage c'était
pas leur affaire, je me suis payée ma robe de mariée et tout le trousseau
avec la somme que j'avais sur mon livret à la DASS plus la dote a laquelle j'avais
droit et mes beaux parents se sont occupés de tout le reste
Le jour J toute le monde était présent mais malgré mon bonheur, il me manquait
l'essentiel " MA FAMILLE" encouragée par mon futur époux, je fus je crois ce jour là
une jeune mariée comme il se doit.
Il va sans dire que l'émotion fut grande pour moi,lorsque nous avons échangés nos
consentements pour moi ça voulait dire beaucoup.....les larmes coulaient,je crois que
le maquillage de l'époque n'a pas résisté.
On s'est bien amusés, on a bien dansé et vers les quatre heures du matin, on s'est
retrouvés à deux dans notre petite maison que nous avions décorée avec goût, mon
mari Didier, c'est son vrai prénom, me porta pour passer le seuil et là j'ai éclaté en
sanglots, Ho je vous rassure de bonheur... J'étais enfin délivrée de mes chaînes .....
Nous coulions des jours heureux, on travaillait tous les deux, avions tout le
nécessaire, et le désir de fonder une famille se fit sentir .... mais cela mit du temps,je
pense que mon corps bien abîmé, j'ai les marques de ceintures dans le dos, une
jambe plus courte que l'autre suite aux fractures,et bien d'autres problèmes, DIXSEPT
ANS DE COUPS ET DE BRIMADES ÇA LAISSE DES TRACES... encore
aujourd'hui mais bon....
ce corps ne voulait pas d'un autre traumatisme qu'est la grossesse, je me suis fait
suivre pendant cinq années pour avoir un enfant mais rien à faire "LE SORT
S'ACHARNE" nous avons décidé de tout arrêté, cinq ans c'est long....Adopté un
enfant ? ce fut non pour moi, je savais le traumatisme que pourrait avoir celui ci, j'ai
donc travaillé d' arrache pieds et me suis mise en quête de retrouver ma famille...
Un beau jour sans crier gare,je me suis sentie pas bien, des vomissements,des
nausées, j'ai du me rendre à l'évidence, j'attendais un heureux événement huit ans
après notre mariage, je ne l'ai pas dit toute suite à mon mari, j'ai bénéficié d'une
échographie, on m'a remis une petite photo et le soir même ,cette fois-ci ,j'ai courus
chercher mon mari à la sortie de son travail avec mon trésor en main, étonné de me
voir ainsi l'attendre,les portables n'étaient pas d'actualité, je lui brandis ma petite
photo sous les yeux, il m'a soulevé de terre en criant je SUIS LE PLUS HEUREUX
DES HOMMES , tous ses collègues de travail étaient là en spectateurs devant notre
joie.
J'allais donc moi petite cendrillon donner la vie,je dus arrêter de travailler toute ma
grossesse, j'en profitais donc pour me mettre en quête des miens, à l'époque a part
le courrier, le minitel et le téléphone,les moyens étaient limités et l'administration
n'était pas trop coopérative....
12
Devant mon état physique,les médecins ont préféré me mettre en arrêt tout le long
de ma grossesse, mais j'étais tellement heureuse que rien ne pouvait m'arrêter, je
me mis donc des les 1ers mois en quête de ma famille, tout d'abord, j'ai eu l'idée en
cherchant l'adresse dans l'annuaire, d'écrire à mes grands parents chez mon oncle,
je trouve facilement et j'envoie un courrier au nom de mes grands parents,je me dis
peut être si longtemps après, ils sont encore en vie, je n'ai pas eu de réponse et tant
pis ,je vois dans l'annuaire que mon oncle a le téléphone,on verra bien, j'appelle, la
sonnerie retentit et une voix masculine me réponds, très émue, je dis alors c'est
Michèle.
Et là sur un ton sévère, "quelle Michèle", je réponds votre nièce ,la fille de votre
soeur, un silence pesant puis toujours sur le même ton "que veux-tu? " je répondis
rien est-ce que Mamy est là?, à nouveau un long silence.... J'ai perdu ma mère la
semaine dernière, on vient de l'enterrer et ce par la faute de ta mère, mon père lui
est parti, il y a 2 ans maintenant, j'ai cru que j'allais étouffé tellement cette nouvelle
me bouleversa.... et puis il me dit "tu sais tu peux passer ton chemin, évite de
téléphoner ici, je n'ai rien à te donner, malheureusement tu es celle par qui le
malheur est arrivé"...
Je lui réponds, mais je n'ai rien besoin, je voulais simplement voir grand mère et là il
me répond "hé bien il est temps,tu n'as pas répondu à ses lettres,les colis qu'elle
t'envoyait pas de merci et maintenant tu t'inquiètes de son sort,elle en est morte de
chagrin ta grand mère" j'éclatais en sanglots et là une voix féminine avait pris le
combiné, "Michèle me dit elle, je suis Stacha, ta tante, tu as notre adresse si tu n'est
pas très loin vient ce dimanche on discutera ", et là elle me demande ce que je suis
devenue, je lui raconte un peu et elle me demande pour mes frères et soeurs,je lui dit
que je les recherche aussi, eux non plus n'ont pas de nouvelles....
J'ai raccroché le téléphone en promettant à ma tante de venir le dimanche suivant,
j'en étais toute retournée,les lettres, les colis, je n'en ai jamais vu la couleur....
Dimanche arriva, je me rendis chez mon oncle accompagné de mon mari, arrivée sur
place mon coeur se mit à battre la chamade, Didier me serra dans ses bras car il
pensait que j'allais me sentir mal,l'émotion fut grande,je revis ma grand mère sous le
porche vingt ans plus tôt, on sonna à la porte et c'est ma tante qui vint ouvrir, elle
m'accueillit à bras ouverts, les enfants déjà grands arrivèrent,ils étaient quatre,deux
cousins et deux cousines, puis dans la salle à manger mon oncle attendait, il me
serra la main ainsi qu'à mon mari, ils nous fit asseoir et devant un café la discussion
s'est engagée, je pus raconter mon calvaire, mon mariage et lui toujours d'un ton
sévère, sa vie à lui, j'ai compris ce jour là comment il avait souffert de cette situation,
à cause des bêtises de ma mère, il avait dans un sens aussi perdu ses parents, à
l'armée à l'époque,dès son retour,il n'a plus trouvé la même vie, j'ai su que mes
grands parents se sont sentis responsables et que depuis mon placement,ils se sont
laisser mourir de chagrin.
Je demandais donc pour les lettres et les colis que je n'ai jamais eus, il me dit que
ma grand mère au départ, elle m'envoyait régulièrement soit une lettre ou un colis
pour notre anniversaire ou Noël au foyer car elle n'avait pas le droit de nous voir, ma
mère s'y était opposée, ça c'était plus fort que tout ,non seulement je n'ai jamais rien
reçu et en plus je n'ai jamais revu ma mère ni véronique d'ailleurs.
Je lui demande donc si il sait ou est sa soeur, il me dit textuellement "ta mère fait la
pute comme d'habitude et je veux pas savoir ou elle est ".
La journée s'achève et nous sommes rentrés chez nous, je pensais quand même
être accueillie autrement mais je compris le ressenti de mon oncle,et je ne vous
raconte pas mon ressenti à moi suite à l'évocation du décès de mes grands
parents.....
Du coup,dès le lundi, je décidais non sans appréhension de me rendre au foyer
départemental, je voulais des explications,une fois arrivée sur place, ce fut difficile
mais coûte que coûte fallait que je sache, je sonne à la grande porte et la directrice
vint m'ouvrir, c'était toujours la même, sur le coup elle me dit tient cette tête ne m'est
pas inconnue, je me présente et elle me fait rentrer dans son bureau et là je lui
explique le motif de ma visite,les lettres,les courriers, l'opposition de ma mère à avoir
de la visite et en même temps, je profite de demander pour mes frères et soeurs
maintenant que j'étais mariée, j'aurais peut être le droit de savoir, elle me réponds,"tu
sais tu es rayée de nos effectifs,ton dossier est parti aux archives et elles ne sont
pas sur place, je ne peux donc pas répondre à tes questions et je ne me souviens
pas de lettres ou colis, on te les aurait remis si tel avait été le cas..
Pour tes frères et soeurs, Véronique n'est plus ici, elle est dans une fondation à vingt
Kilomètres d'ici et pour les autres je pense qu'ils ont été adoptés donc ceux là je ne
peut rien faire pour toi, mais je peux essayer pour véronique, je vais téléphoner à la
fondation si tu veux maintenant,je répondis "Faites je vous en prie", j'étais impatiente,
elle téléphona devant moi,véronique était en classe,la directrice de la fondation lui dit
qu'il y a des visites autorisées deux fois par mois le dimanche de 13 heure 30 à 18
heures mais que je devais en faire la demande par écrit au Centre de l'ASE et je
recevrais une autorisation et je pourrais rendre visite à ma soeur, je l'en remercie
vivement pour cette information ainsi que mon interlocutrice et sitôt sortie,je me
dépêchais de rentrer pour écrire cette lettre que je postais le lendemain à la première
heure, inutile de dire que les jours suivants, je guettais le facteur, puis au bout d'une
quinzaine de jours, une lettre portant la mention "AIDE SOCIALE A L'ENFANCE", je
la décachetais vivement et j'avais en main cette fameuse autorisation et ce pour le
dimanche d'après...
Je prie le train pour ne pas trop me fatiguer, cette nouvelle m'avait épuisée, Didier
me déposa à la gare et j'avais un train pour le retour donc il viendrait me chercher..
J'arrive à destination devant la fondation en question, il était 13h15, des familles
attendaient devant la porte,a 13h30, une dame vint nous ouvrir, nous nous
engouffrons tous dans le hall et il y avait un guichet, on prit nos noms, nos
autorisations et on nous dirigea vers une grande salle avec des tables et des
chaises,chacun prit place à sa convenance et on attendit,soudain la porte du fond
s'ouvrit et une par une des jeunes filles arrivèrent, je guettais cette porte, "vais-je
reconnaître ma petite soeur" ou va -t-elle me reconnaître ? "Soudain une grande fille
brune fit son apparition dans l'encadrement de la porte, elle jette un oeil circulaire
dans la salle, soudain son regard s'arrête sur moi, j'étais scotchée sur ma chaise
tellement j'étais émue.. pas de doute c'était ma Véronique, mon dieu comme elle a
changé, j'ai quitté une petite fille et j'avais là devant moi une belle jeune fille qui me
dépassait largement d'une tête, "Michèle ? me dit elle, oui c'est moi et nous sommes
tombées dans les bras l'une de l'autre, nous sommes restées ainsi dix bonnes
minutes ainsi devant toute l'assemblée...
Quelle joie ce jour là,ma petite Véro à qui je pensais souvent,on avait beaucoup de
choses à se raconter....
La directrice arriva pour faire ma connaissance et là j'appris que véronique toujours
en faisant la demande,pourrait venir si rien ne s'y oppose soit le week-end ou même
les vacances chez moi, c'était un des plus beau jour de ma vie...En la quittant ce soir
là,je lui dit ON VA RATTRAPER LES INSTANTS PERDUS PETITE soeur
13
De retour chez moi,je m'empressais de raconter ma visite à mon mari et je lui parlais
du désir de faire la demande pour que ma soeur puisse venir pendant les
vacances,chose qu'il a bien voulu, je fis donc la demande pour les vacances de
Pâques et ce me fut accorde, j'en profite en même temps pour écrire à la DASS pour
demander pour mes autres frères et soeurs...
La réponse se fit attendre mais toujours la même, ils ont été adoptés et nous n'avons
aucun moyen de communiquer avec eux, il faut vous faire une raison Madame,cette
décision a été prise dans leur intérêt, ils sont encore mineurs et si t-elle est leur désir
une fois leur majorité, hé bien ils feront des recherches pour savoir leur origine, nous
le dossier est clos.... Nous pensons que vous devez poursuivre votre chemin de vie
en vous disant que nos services ont fait le maximum pour eux et que l'amour d'une
famille leur a été donné....
Je me dis c'est pas possible ça, un jour ou l'autre ils voudront savoir mais pas grave
je patienterais jusqu'à leur majorité à chacun à moins qu' un miracle se passe sait-on
jamais....
Je pris donc Véronique pendant les vacances, mon état ne me permit pas de faire
les voyages en train,mon mari alla la chercher à la gare et une éducatrice se
chargeait soit de la récupérer ou de la mettre dans le train.. Elle passa donc les
vacances avec nous,mais ce ne fut pas facile, j'ai là découvert ses
lacunes,notamment scolaires, j'ai du lui apprendre les tables de multiplication,faire
des dictées, de la lecture,elle avait un retard considérable,elle avait aussi toutes les
manies du foyer, avaler son assiette à toute vitesse,se laver en oubliant le savon,la
toilette était vite faite, et bien d'autres choses encore,par contre elle avait
complètement oublie son passé, elle ne se souvenait pas de notre mère,ni de nos
grands parents,ni des sévices dans la famille d'accueil, elle avait fait l'impasse sur
tout,je ne lui rappela donc pas tout cela, je l'ai fait bien par la suite,par contre moi
j'étais restée dans sa mémoire, j en 'ai été très inquiète, mais en parlant avec la
directrice de la fondation, elle me dit que c'était monnaie courante que beaucoup
d'enfants avaient ce genre de comportement...
Sa majorité arriva à grands pas, elle dut quitter la fondation pour intégrer un foyer de
jeunes filles dans le nord à ROUBAIX, elle signa un contrat jeune majeur et intégra
un établissement de formation pour travailler, là plus rien n'allait,faut dire que
ROUBAIX était une ville ou la délinquance était à son niveau historique et Véronique
lâchée un peu dans la nature se mit à faire les quatre cent coups, cela allait de la
fugue à bien d'autres choses... J'en fus très affectée mais je comprenais ce besoin
de liberté, il fallait la recadrer....
Entre-temps, je donnais naissance à mon fils, un beau garçon de trois kilos six cent
cinquante, ce fut pas sans mal, j'ai souffert le martyr à cause de mes sévices passés
si bien qu'en salle d'accouchement on a faire sortir mon mari pour me demander si
j'étais une femme battue,tellement le personnel avait été horrifié de voir toutes ces
traces sur mon corps, je dus les rassurer et expliquer grosso modo mon passé,...
Mais nous étions les plus heureux parents du monde à ce moment là, mes
souffrances ont été vite oubliées...
La crainte que j'avais c'était de savoir si mon fils était normal, si tout était parfait chez
lui, j'en ai fait rire le personnel mais pour moi c'était important. .On me la mit dans les
bras et là plus rien ne comptait ma première bataille était gagnée "j'étais maman"..
De retour chez moi,la vie poursuivit son cours, notre petit garçon grandissait bien, je
n'ai pas repris mon travail après mon arrêt maternité, je ne pouvais pas me résoudre
à donner mon fils en garde, ce fut à l'époque inconcevable pour moi, Didier avait une
situation, je décidais donc de l'élever, j'ai continué à recevoir Véronique mais ce ne
fut pas sans mal,entre-temps, son éducateur a décidé de lui donner un appartement
en ville tout en étant suivie chaque semaine pour gérer ses affaires avec elle, là ce
fut tout ce qu'il ne fallait pas faire,elle fit de nouveau la java, c'était plus un appart
qu'elle avait mais un centre pour toute la racaille du coin, elle ne voulut plus voir
personne,ni moi même d'ailleurs,j'en eu beaucoup de chagrin mais c'était la vie
qu'elle avait choisie,elle savait où me trouver si besoin...
Entre-temps, je continuais d'aller de temps en temps chez mon oncle,là aussi je dus
cesser toute relation,l'accueil était plutôt froid et sans cesse on me rappelait ma
mère, j'étais d'ailleurs devenue une bête de foire, des gens étaient à chaque fois
invités "fallait monter la fille de la pute"... Inutile de dire que je ne l'ai pas supporté....
J'appris peu de temps après ,le décès de ma mère par voie de presse, je me rendis
donc à l'adresse mis sur l'avis dans le journal pour voir,la maison était fermée,je me
renseigne au voisinage et là, on me raconte, oh Lucette, oui on la connaît bien, elle
faisait le tapin pour gagner sa croûte et elle buvait beaucoup, c'est ça qui l'a achevé
et elle a accouché plusieurs fois et elle les a tous abandonnés ses mioches.... Ce fut
pour moi très douloureux d'entendre ça... Un monsieur s'avance vers moi et me dit
"vous êtes de la famille" je répondis OUI, je suis sa fille et là tous en coeur
"MICHELE", oui dis-je,"hé bien elle t'a cherché ta maman,elle ne parlait que de
toi,elle voulait te demander pardon,mais elle ne savait pas ou tu étais "....
Quelle émotion...disaient-ils vrai...Je décidais donc de savoir ou elle était enterrée, je
me présente à la mairie de son domicile et là avec ma carte d'identité je demande à
l'employé qui me réponds "désolé Madame mais cette dame n'a pas de famille,elle
était célibataire sans enfants,je ne peux donc vous donner aucun renseignement "
c'était le comble....
Je me dis qu'elle repose en paix....j'ai essayé d'avoir son dossier médical et là à
l'hôpital même réponse,j'ai laissé tombé peut importe après tout.....
Un de mes frères devenu majeur, j'entrepris donc les démarches pour le retrouver en
écrivant à la DASS et la réponse "DEBILE MENTAL" a été interné et mis sous la
tutelle de l'état,avec pas d'autorisation de visites, tiens je pensais qu'il avait été
adopté, ça m'a mis dans une rage pas possible, j'ai écumé par téléphone tous les
établissements de la région mais aucun n'avait mon frère,je pensais alors à un autre
département mais lequel ?
A l'époque l'ouverture de dossier n'était pas autorisée, ni d'ailleurs mettre des
courriers dedans mais je le fit pour Anne-Marie l'année suivante,la réponse "A FAIT
L'OBJET D'UNE ADOPTION" pareil l'année d'après pour Sylvie....
Je donnais naissance à mon deuxième fils, encore un bonheur pour moi, mon petit
Tom avait trois ans...
C'est là qu'un jour le téléphone sonna, c'était Véronique, elle me demande si elle
peut venir me voir, elle a quelqu'un à me présenter, je lui réponds qu'elle est la
bienvenue et du soir même la voilà accompagné d'un homme qu'elle me présente
comme son compagnon et me montre son ventre bien arrondi, elle attendait un
heureux événement, elle avait l'air contente,mais ce type ne m'inspira pas confiance,
j'ai ce genre d'intuition depuis mon enfance,il est rare que je me trompe, on m'appelle
souvent "boule de cristal", il avait au moins vingt ans de plus qu'elle, était divorcé et
avait une fille, tout le même schéma que ma mère, mais je ne dis rien ce soir là, je fis
bonne figure, juste en partant je dis à ma soeur "fait attention à toi".
Leur petite Gaëlle vit le jour quelques mois après et là ce que je craignais arriva, ma
soeur accoucha seule, lui était avec ses copains au café, elle n'avait pas de
trousseau pour la petite,je dus faire des courses pour lui ramener le nécessaire à la
maternité mais elle minimisait les choses pour lui trouver des excuses mais je n'étais
pas dupe...
Lors d'une visite à sa maison, je vis dans quel état elle vivait, dans un taudis, l'eau,
l'électricité étaient coupés, pas de couches pour la petite, mon sang ne fit qu'un tour,
je sermonnais véronique ce jour là,elle s'est mise à pleurer, je ne dis rien à ce type
car j'ai compris qu'elle en avait peur,tout cela me perturba beaucoup mais je lui fis
promettre de chercher du travail et que je garderais sa fille s'il le faut...
Même pas six mois après elle fut de nouveau enceinte et là je découvris qu'elle était
une femme battue et lui proxénète, Vicky vit le jour et je dus garder Gaëlle le temps
de son séjour en maternité et c'est là devant l'état de la petite que j'ai du intervenir
auprès de ce type, ce fut une dispute mémorable malheureusement j'ai de nouveau
perdu ma soeur,après quelques temps ,elle venait me voir en cachette avec les
petites en m'assurant que tout allait bien mais un jour,les petites ont commencé à
parler avec toute leur innocence de Tatie Michelle et là de nouveau, je perdis la trace
de ma soeur, à son adresse il n'y avait plus personne, j'en fus très peinée mais je
gardais espoir peut être qu'un jour elle reviendra vers moi.
L'année d'après, mon petit Thibaut vit le jour, grand prématuré, il demandait
beaucoup de soins et puis fallait pas oublier les deux autres et mon mari, je fis une
pause dans mes recherches....
14
De retour chez moi,j'eus beaucoup de travail mon petit avait besoin de soins
constants, quatorze biberons par jour et mes deux autres garçons trois et six ans
avaient eux aussi besoin de mon attention sans oublier le papa, j'ai donc laissé
tombé mes recherches pendant quelques années, j'ai élevé ma petite famille et
lorsque le dernier a pu intégrer la classe, je me suis remise en quête d'un travail,
pour cela j'ai fait une formation "auxiliaire de vie" ce boulot me tenait à coeur, d'abord
à mi-temps puis par la suite à temps complet, je travaille encore dans le même
domaine aujourd'hui.....
Je n'ai plus eu de nouvelles de Véronique pendant au moins une douzaine d'années,
je l'ai retrouvé par hasard lors d'un déplacement à LILLE ou elle résidait, nous nous
sommes croisées sur le trottoir, elle était avec ses deux filles, elle m'a invité à venir
chez elle boire un café, je l'ai trouvé très amaigrie et les deux petites on aurait dit des
souillons, je lui demande si tout va bien, elle me répond que oui mais j'ai bien senti
que ce n'était pas le cas... Arrivée chez elle j'ai cru que j'allais tombée à la renverse,
elle habitait dans une courrée, une maison en ruine complètement délabrée, à
l'intérieur régnait une odeur de moisissures,elle me dit que son compagnon travaillait
et qu'il avait acheté cette maison pour la retaper, j'ai bien vu qu'il n'y avait pas grand
chose dans cette maison et que le quartier était plutôt mal famé mais je ne dis rien,
j'étais contente de voir les petites et Véro, elle me dit quand même que son
compagnon n'est pas facile à vivre, qu'elle en a un peu marre et qu'elle cherche du
travail, je me dis bon elle va peut être s'en sortir... Ne voulant pas la mettre dans
l'embarras, je partis avant que son type ne rentre en promettant que je reviendrais la
voir..
En sortant de la courée, deux dames faisant le tapin sur le trottoir m'accostent et
elles me demandent si je suis de la famille vu la ressemblance physique, je réponds
oui je suis sa soeur et là elle me racontent un peu la vie de ma soeur et des petites
qu'elles dépannent souvent , elles me disent que ma soeur est bien une femme
battue et que lui est un mac qui fait travailler des filles, et qu'il fallait que j'intervienne
car vraiment mes nièces étaient en danger..
Mais voilà que faire...je ne pouvais pas me taire, dois je faire confiance à ces deux
dames ? si je fais intervenir les services sociaux c'est sur les deux petites vont être
enlevées.... Je décide donc de faire mon enquête dans le voisinage en toute
discrétion mais pas facile, ce quartier grouillait de crapules en tout genre mais
quelques personnes ont pu me donner les renseignements que je cherchais,il s'est
avéré que les deux dames disaient vrai... Je décide donc de parler à ma soeur.
Elle s'est mise dans une rage folle, je ne l'ai pas reconnue, elle me dit que son
compagnon va me planter si je fais venir l'assistante sociale et que c'est sa vie et que
je n'ai pas à m'en mêler, c'est vrai me dis-je en moi-même, mais les petites, je savais
ce qu'elles pouvaient ressentir pour l'avoir vécu, je le rappelle à véronique et là elle
me réponds mes filles n'ont rien à voir là dedans et mêle-toi de tes affaires et elle me
met dehors en disant je ne veux plus jamais te voir....
Je suis rentrée chez moi très perturbée, j'en parle à mon mari qui me dit certes ta
soeur fait ce qu'elle veut mais les petites n'ont pas à subir..
On décide donc d'aller tous les deux voir l'assistante sociale de son secteur, on
raconte un peu l'histoire et là surprise elle était au courant mais n'avait pas vu de
danger chez les enfants donc pour le moment seule ma soeur pouvait faire en sorte
que sa vie soit mieux..
Je me sentais coupable d'avoir fait cela,mais rassurée dans un sens...
Je n'ai plus vu ma soeur encore pendant quelques années après cet épisode...
Je repris alors mes recherches pour mes autres frères et soeurs, j'ai réécris à la
DASS, entre-temps, c'est le Conseil Général qui devint le gardien de nos fameux
dossiers, j'écris donc et là j'ai une réponse comme quoi que ma demande est
enregistrée mais qu'il me fallait attendre un bon moment voir plusieurs mois car ils
étaient saturés,qu'ils reviendraient vers moi pour me donner la suite....
Plusieurs mois se passent et arrive un courrier avec "NOUS SOMMES
DESOLES,MADAME,MAIS NOUS NE TROUVONS PAS TRACE D'UN DOSSIER
VOUS CONCERNANT DANS NOS SERVICES,ET EN CE QUI CONCERNE VOTRE
FRATRIE NON PLUS,ETES VOUS SUR D'AVOIR FAIT PARTI DE
L'ARRONDISSEMENT DE LILLE"
Il y avait un numéro de téléphone,j'appelle et là l'employée me dit vous savez les
archives ont déménagées et elles ont été informatisées et il se peut que votre
dossier se soit égaré....
Je me dit tant pis ,je vais faire sans,ne sachant pas vraiment si mes frères et soeurs
ont été adoptés ou placés,je me dit hé bien on va chercher dans les annuaires,le
minitel,je recontacte les établissements spécialisés pour Hervé et je ne trouve rien,
j'ai bien eu des gens qui m'ont contactés car j'avais mis des annonces dans des
journaux mais j'ai eu plus à faire à des arnaques qu'à autre chose,le malheur des uns
fait le bonheur des autres....
Puis est arrivé Internet, nous nous sommes acheté un ordinateur et moi n'y
connaissant rien je me suis mise à l'informatique assez rapidement d'ailleurs, au
début j'ai mis des annonces sur les sites existants et là pareil, j'ai eu à faire à toute
sorte d'arnaques, j'ai perdu beaucoup de temps avec des rendez vous bidons et j'en
passe...
Il s'était passé 35 années déjà...Je me suis inscrite comme beaucoup sur le fameux
réseau FACEBOOK, puis sur d'autres sites JETERECHERCHE.COM, PERDU.FR
etc. ....mais rien..... Un jour j'ai eu l'idée de taper les noms et prénoms de mes soeurs
et frères sur FACEBOOK, c'est qu'il y en a des homonymes... tous ont été gentils, ils
ont répondu à mes messages, j'en ai même été suspendu par FACEBOOK car
j'envoyais trop de messages, Puis un jour, une Anne-Marie même date de
naissance, même nom que moi habitant la Vendée, j'envoie un message demandant
si elle a été abandonnée petite, si elle est née à LILLE etc. ...
J'ai une réponse OUI c'est bien cela,je suis une ancienne enfant de la DASS me dit
elle,mais qui êtes-vous ?
Je lui explique en deux mots et lui demande si elle connait le nom de sa mère de
naissance et là surprise elle me donne bien le nom de ma mère et elle me dit qu'elle
est surprise comment j'ai fait pour la retrouver..
Je demande si je peux la contacter par téléphone mais là elle refuse, elle me dit
qu'elle ne veut rien savoir de son passé, qu'elle a eue une maman qui l'a aimée et
que celle ci vient de mourir et qu'elle encore sous le choc.. je lui demande donc si
elle a été placée, elle me réponds que oui vers les six mois et qu'elle est restée dans
cette famille ou elle était considérée comme leur propre fille et qu'elle avait été très
heureuse, elle avait entendu vaguement parlé d'une fratrie mais sans plus à ses dixhuit
ans mais que cela ne la concernait en rien, je compris donc que je devais la
laisser tranquille, que c'était son choix et qu'il fallait que je le respecte malgré ma
grande déception, je lui donne donc mes coordonnés pour le cas ou elle changerait
d'avis....
Et là je continue a chercher Hervé, Sylvie et Frédéric mais rien malgré mes
nombreux appels et annonces mais je ne désespère pas
C'est long plus de trente cinq années sans savoir
Mais le meilleur est à venir
15
Quelques jours plus tard en me connectant sur FACEBOOK, j'ai un message, je
l'ouvre et là c'est Anne-Marie qui revient vers moi, qui me demande si je sais si notre
mère est toujours vivante et comment cela se fait que nous avons été abandonnées,
notre différence d'age (treize ans entre nous deux), je lui réponds ce que je sais et je
lui dit que l'on a d'autres frères et soeurs et je lui dicte les prénoms et là elle me dit JE
SAIS.. Étonnée, je lui demande comment elle sait, et là elle me dit voilà je suis
arrivée à l'age de six mois dans ma famille d'accueil et avant moi notre frère Hervé y
était jusqu'à l'age de deux ans environ, mes parents de coeur n'ont pu le garder car il
avait besoin de soins spécifiques, c'est eux qui me l'ont raconté lorsque j'étais en age
de comprendre, ils ont toujours cherche à savoir ce qu'il était devenu mais on a
toujours répondu à ma mère de coeur que c'était un boulot qu'elle faisait et que notre
frère était une pupille et que par conséquent elle n'avait pas à en savoir plus, elle me
dit que cette dame en avait été très affectée.... et puis elle ajoute et j'ai une autre
nouvelle à t'annoncer, j'avais deux ans et là est arrivée chez ma maman de coeur
Sylvie notre petite soeur, Hé oui me dit elle, j'ai été élevée dans la même famille que
Sylvie et nous sommes restées toutes les deux ensembles...
J'avais le coeur qui battait à cent à l'heure,je me dis c'est pas possible,je rêve....
Je lui demande si elle sait ou est Sylvie maintenant,elle me réponds oui et elle me dit
j'ai quitté le Nord pour La Vendée il y a 2 ans et je reviens souvent dans la région car
ma famille et celle de mon mari sont du Nord,Sylvie y habite toujours, mais je vais
l'informer de ta demande car elle est très fragile et très sensible et de plus elle vit en
ce moment un divorce difficile,il faut aller doucement avec elle,mais sans nul doute
elle sera ravie...
Je lui parle de Véronique et je lui demande si des fois elle ne sait pas pour Frédéric,
elle me répond que si,elle a des contacts avec lui et Sylvie aussi et qu'il est dans la
Région NORD aussi,qu'il est marié et a un petit garçon, que Sylvie a une fille et un
garçon et que elle même a aussi une fille et un garçon...
Je découvre donc qu'aucun n'a été adopté mais nous étions tous placés dans un
rayon de trente kilomètres à la ronde sans se connaître,mon dernier petit frère
habitait à quinze minutes de chez moi " UN COMBLE" vive les service sociaux....Elle
me dit qu'elle va voir aussi pour le contacter et que selon sa réponse elle nous mettra
en rapport dans un premier temps via FACEBOOK...
Ce soir là j'ai cru rêver, enfin j'étais arrivée à mon but mais il manquait Hervé, fallait
que je le retrouve coûte que coûte....
J'attendis avec impatience des nouvelles d'Anne-Marie...
Fallait aussi que j'arrive à contacter Véronique mais voilà,allait-elle vouloir me voir...
Je décide d'aller à son ancienne adresse et là je trouve toujours la maison dans le
même état mais plus de soeur, ni nièces,la maison semble abandonnée, je me
renseigne dans le voisinage et on me réponds que son compagnon y habite toujours
mais qu'il a mis ma soeur dehors il y a déjà longtemps,personne ne savait ou elle
était....
Je rentre à mon domicile et là mon fils aîné comme tous les jeunes avait aussi un
compte FACEBOOK, il me dit maman vient vite dans ma chambre, j'ai une demande
d'amie et tu ne sais pas de qui,je réponds hé bien non vas y de qui ? il me réponds
Vicky, je dus m'asseoir tellement j'étais bouleversée, et il ajoute j'ai répondu maman
à sa demande, tu pourras ainsi peut être revoir ta soeur, Vicky était la fille cadette de
Véronique.... Que d'émotions en même pas une semaine...
Le soir même Thomas a eu Vicky sur FACEBOOK, nous avons communiqué un bon
moment et elle demande mon numéro de téléphone car elle va voir sa mère le
lendemain...
J'attendis ce coup de fil avec impatience, le lendemain soir, le téléphone sonne c'est
Véronique, elle me raconte que son compagnon l'avait mise dehors un soir d'hiver
avec ses deux enfants et qu'elle avait été hébergée par une collègue de travail, hé
oui elle avait trouvé un travail à l'agence régionale de la santé et que cette collègue
avait tout fait pour qu'elle obtienne un logement social, ses deux filles étant déjà
grandes, elle me raconte ses galères avec l'aînée Gaëlle qui est maman d'un petit
garçon et que Vicky vit toujours avec elle, qu'elle a rencontré aussi un compagnon
rien à voir avec le premier, qu'aujourd'hui elle est heureuse et qu'elle a passé le
concours de la fonction publique et qu'elle va intégré l'AGENCE REGIONALE DU
MINISTERE DE LA SANTÉ et qu'elle y sera en tant qu'hôtesse d'accueil, WOUAH
j'étais fière d'elle...
Je lui raconte pour ce que j'ai découvert, je la sens réticente,elle me dit mon dieu moi
j'ai peur, je ne me sens pas à la hauteur, je te laisse faire et tu me diras la suite si tu
as des nouvelles....
Nous étions en juillet et la réponse d'Anne-Marie se fit attendre,et un jour nouveau
message, JE VIENS DANS LE NORD POUR LES VACANCES DE LA
TOUSSAINT,PUIS JE VENIR TE VOIR???DONNE MOI TON ADRESSE ET DIT
MOI QUEL JOUR ET A QUELLE HEURE
J'étais trop contente, on fixa une date et on se donna rendez vous chez moi avec
véronique que je n'avais pas revu depuis plusieurs années non plus
ENFIN j'allais savoir et peut être aussi pour Frédéric et Sylvie...
Durant les deux mois qui nous séparaient de notre rendez vous, j'ai continué à
mettre des annonces pour Hervé sur tous les sites que je connaissais et j'ai réécris
au Conseil Général de LILLE, plusieurs années s'étaient écoulées et je pouvais
mettre dans mon courrier que j'étais sur le point de rencontrer mes frères et soeurs
retrouvés par mes propres moyens et qu'il me manquait Hervé et je précise que pour
une fois ils pourraient se monter humain et faire en sorte de retrouver mon dossier
peut être que dedans il y a des indications....
ANNE-MARIE A FAIT SIX CENT KILOMETRES avec ses deux enfants d'une traite
pour arriver chez moi, la voyant arrivée en bas de chez moi, LE CHOC, tout le
portrait de mon oncle, le frère de ma mère mais typée maghrébine, très jolie
cependant, moi je suis plutôt blonde platine,le contraste mais bon. .tout s'est bien
passé, Véronique comme à son habitude était tremblante des pieds à la tête, je l'ai
trouvé cependant très élégante rien à voir avec celle que j'avais quittée quelques
années auparavant, son compagnon gars très bien mis et la tête sur les
épaules,enfin ma petite soeur heureuse, j'en étais ravie....
Anne-Marie fit part de son avis comme quoi elle était contente de nous voir mais
qu'elle n'éprouvait pas le besoin de tisser des liens mais que lorsqu'elle serait dans la
région, pas de soucis elle passerait nous dire bonjour. On respecta son avis non
sans un petit pincement au coeur toutes ces années plus de trente cinq années de
recherches mais c'est la vie ... Elle repartit en nous promettant de nous mettre en
contact avec Sylvie et Frédéric, et là j'ai compris qu'elle était surtout venue pour voir
à qui elle a à faire, chose que j'approuve totalement....
A son départ j'ai éclaté en sanglots,quel gâchis toutes ces années perdues...Je
décidais à partir de ce jour d'en faire mon combat aujourd'hui je milite au sein
d'associations choisies avec discernement car pas toutes pour la bonne cause, pour
les enfants battus, abandonnés et surtout pour que l'on ne les sépare pas....
16
Anne-Marie est repartie en Vendée et contrairement à ce qu'elle nous a laissé
entendre, elle prend régulièrement de nos nouvelles et elle a tenu sa promesse, un
jour un nouveau message sur FACEBOOK, elle m'envoie des photos de notre soeur
Sylvie et de Frédéric, ce dernier elle l'a rencontré avec Sylvie alors qu'elles étaient
encore en famille d'accueil, lui avait eu plus de chance en signant son contrat jeune
majeur on lui avait dit pour les soeurs et frères et on lui donné le numéro de
téléphone de leur famille d'accueil mais rien pour moi, Véronique et Hervé, ils
s'étaient donc vu déjà depuis plusieurs années... et dans son message elle me dit
connecte toi ce soir une surprise t'attend..
Le soir venu, effectivement une demande d'ami c'était Frédéric il était connecté, il me
parle de suite dans la discussion instantanée et me demande mon numéro de
téléphone et là on se parle pendant au moins deux heures, très enthousiaste, il me
dit moi je veux te voir et au plus vite, on va organiser ça, il me raconte ses déboires,
son enfance maltraitée dans plusieurs familles d'accueil, les foyers, la rue Hé oui
après de nombreuses fugues pour échapper à ses bourreaux, il a choisi la rue... il
m'envoie des photos de son épouse non voyante et de leur petit garçon...
On se promet de se voir très vite et il me dit qu'il a eu notre soeur Sylvie et qu'il va lui
donner mon numéro et qu'elle va m'appeler car elle n'a pas Internet ....Ce soir là
j'étais aux anges....
Le lendemain effectivement Sylvie me téléphone tout comme Frédéric très
enthousiaste aussi, elle est en plein divorce assez douloureux, elle se reconstruit
avec ses deux enfants et pareil elle me dit que l'on se verra très vite.. WOUHA pour
moi c'était la fête.... On organise donc une réunion de famille chez moi un dimanche,
Véronique et son compagnon Patrick, Frédéric et Isabelle son épouse et son petit
Alex et Sylvie avec ses enfants élise et Nathan, moi et mon mari et mes enfants sont
arrivés.
Quelle émotion... Véronique est arrivée la première suivi de Frédéric et puis Sylvie,
on s'est raconté un peu nos vies, notre parcours et là je découvre ce petit frère
Frédéric qui pourrait être mon fils , il me raconte son enfance, il me dit avoir été
battu,torse ,qu'il a les marques de coups, les brûlures de cigarettes et j'en passe... et
le plus dur son carnet de santé à moitié brûlé avec des inscriptions
NÉ CYANOSE,ENFANT DEBILE MENTAL, MERE ALCOOLIQUE, A PLACER EN
INSTITUTION, et la il me dit "LA HONTE SOEUR, COMMENT VEUX TU QUE JE
ME SENTE BIEN DANS MA PEAU" , là j'ai réalisé les dégâts fait sur ce frère,
j'essaye tant bien que mal de le rassurer mais au fond de moi je comprenais son mal
être... Nous en sommes restés tous consternés comment peut avoir fait autant de
mal ? ma détermination fut encore plus grande ce jour là.....
Nous parlons bien évidemment d'Hervé et je leur dit que je n'ai rien trouvé pour le
moment, le Conseil Général tarde à me répondre mais que je n'abandonne pas....
La fin de la journée éprouvante et en même temps joyeuse s'achève, Véro et
Frédéric sont sur le départ et là c'est Sylvie qui me tombe dans les bras en larmes,
elle n'a pas été malheureuse mais elle me dit que ses racines lui ont toujours
manquées, elle et Frédéric tout comme Anne-marie sont typées maghrébines, elle en
a beaucoup souffert.
Je tente de la rassurer aussi en lui disant que l'on va tenter de rattraper le temps
perdu mais au fond de moi je comprends ce qu'elle ressent, ENCORE UN DEGAT
DE L' ABANDON DANS L' IGNORANCE.....
Nous nous téléphonons régulièrement depuis et essayons de nous voir aussi de
temps à autre, après tant d'années chacun a sa vie ....
Peu de temps après, je continue a mettre des annonces pour Herve, beaucoup de
charlatans, on me demande de l'argent pour des renseignements soit disant
précieux, on se fait passer même pour mon frère, mais ça va très méfiante, j'ai senti
à chaque fois l'arnaque,jusqu'à qu'une bonne fée Annie, qui me retrouve mon
Hervé ....
17
Comme je le disais à l'épisode précédent, je venais de retrouver trois soeurs et un
frère et qu'il manquait Hervé pour qui j'ai lancé sans relâche depuis plusieurs années
des appels sur tout ce qui pouvait exister comme médias et Internet, j'ai même fait la
fameuse émission de Jacques PRADEL "Perdu de Vue" mais cela n'a rien donné, et
un jour Annie qui est parmi mes amis maintenant, me demande de lui téléphoner car
elle a des informations importantes concernant mon frère ,elle pense l'avoir retrouvé,
toujours méfiante car ne la connaissant pas, j'hésite,après discussion sur ce site de
recherches,elle me convint de l'appeler, chose que je fais et là elle me dit ou est mon
frère, il est dans un foyer dans la région et qu'elle vient d'avoir le directeur en
personne et que je peux téléphoner à ce monsieur, elle me donne les coordonnées,
je l'en remercie vivement... J'appelle donc ce foyer, et je demande à parler au
directeur qui me demande bien évident pleins de questions pour voir à qui il a à faire
et me dit effectivement Madame, c'est bien votre frère qui est ici,il va bien, il travaille
en milieu protégé, a son appartement et en ce qui concerne son handicap, on peut
dire qu'il a un léger retard mental mais nous n'avons pas de soucis avec lui, il a un
portable et vous pourrez lui téléphoner lorsque évidemment nous l'aurons mis au
courant de votre demande et il ajoute connaissant Hervé depuis de nombreuses
années je pense être à même de l'avertir, je vais vous mettre en relation avec son
éducateur qui le suit et vous verrez avec lui pour vous rencontrer, tout en sachant
Madame que pour moi, il n'y a aucune opposition...
On me met donc en rapport avec cet éducateur en question, là ce fut plus difficile, il
était très méfiant, chose que j'ai compris par la suite, sur le coup je n'ai pas apprécié
son manque d'enthousiasme, il me demande d'abord d'écrire une lettre à Hervé en
lui expliquant ma demande et d'y ajouter si possible des photos de moi et de la fratrie
et ainsi il verra avec Hervé ....
Je le fit aussitôt, des jours passent,des semaines même et un jour un courrier arrive
accompagné d'une photo,une lettre écrite de sa main, il me donne un numéro de
téléphone avec des horaires d'appel et il me dit qu'il est très content d'avoir une
famille, lui on lui a toujours dit qu'il avait été abandonné et sans famille..
Je téléphone donc a ce numéro qui était son portable et là j'ai Hervé, tout content, il
me remercie de lui avoir fait ce cadeau "UNE FAMILLE" il en rêvait, il me raconte
brièvement sa vie, pas drôle non plus et me demande si je vais aller le voir, je
réponds oui bien sur et il me dit qu'il faut voir avec son éducateur......
L'éducateur je l'ai le lendemain et il me fixe un rendez vous dans les 3 mois,je lui
demande pourquoi un délai si long et il me répond qu'il faut qu'il voit cela avec
l'équipe et le directeur et il me demande avec qui je vais venir, enfin j'ai compris que
je devais montrer patte blanche sinon je ne verrais pas mon frère qui était âgé de
quarante et un ans tout de même donc plus un gamin, il est dans un milieu protégé
et je ne vois pas pourquoi on me met des bâtons dans les roues, mais j'en ai vu
d'autres "cool Michele" me dis-je....
Je reçois donc ce rendez vous confirmé et le jour J, on se présente, moi, Véronique,
Frédéric et Patrick le compagnon de Véro qui nous a servi gentiment de chauffeur,
Sylvie n'ayant pas pu avoir congé était avec nous par la pensée et j'avais prévenu
Anne-Marie qui attendait des nouvelles.
On arrive donc après 2 heures 30 de trajet, un beau bâtiment en retrait de la ville,
entouré de petits bungalows de cinq appartements chacun, joli cadre et calme, on se
présente à l'accueil et la secrétaire nous fait rentrer dans une salle avec un cadre
magnifique, des aquariums, des jolies plantes, tout un équipement cinéma, billards,
ping-pong, des fauteuils confortables etc. .. et elle nous explique que ici chacun a
son appartement avec ses meubles et tout le nécessaire mais qu'ils ont en commun
cette salle de repos accolée à une salle à manger genre "FLUNCH", des salles de
sports, laverie, salle de travaux manuels, on aurait dit un village vacances tellement
c'est beau et dehors un immense jardin bien entretenu, elle nous dit que le personnel
et le directeur sont encore en réunion mais que c'est bientôt fini et que Hervé va
rentrer de son travail d'ici une bonne heure, en attendant on fait le tour de la
propriété tout en discutant,elle nous conduit à l'appartement d'Hervé, super
joli,décoré avec goût et surtout très propre, je demande si c'est lui qu'il entretient,elle
me réponds oui chaque résident avec son argent géré par l'éducateur s'occupe de
meubler,décorer et entretenir son lieu de vie..
Étonnée je demande pour l' handicap d'Hervé, que je m'attendais à quelque chose
de lourd,et là elle me dit votre frère n'a qu'un léger retard vous verrez vous même, il
est très courageux et fièrement elle me montre dans un coin de l'appartement un
vélo de course, il est champion de la région, il a gagné plusieurs courses, elle me
montre les trophées et elle me dit qu'il a été victime d'un grave accident lors d'une
course et qu'il a été immobilisé deux ans sur un lit mais qu'à force de volonté, il est
debout aujourd'hui, Je reconnus là un trait de caractère commun à nous tous....
Le directeur accompagné du fameux éducateur arriva, on fit les présentations et là il
me demande des explications comment ais-je fait pour le retrouver et comment je
savais qu'il existait car lui dans le dossier d'Hervé, il est bien noté SANS FAMILLE, je
lui raconte un peu l'histoire et là un petit bonhomme fait son apparition dans
l'encadrement de la porte,tout le portrait de Frédéric, Hervé qui se jette dans les bras
de Frédéric, ce moment fut très fort... mon petit frère plein de larmes, ma grande
Véronique tétanisée comme d'habitude et moi assistant à la scène en pleurant
comme une madeleine,je n'ai jamais vu quelqu'un de si heureux qu'Hervé, il nous dit
hé bien moi qui croyait être seul, j'ai quarante ans et voilà qu'une autre vie s'ouvre et
là il me serre dans ses bras en me disant grâce à toi grande soeur, tu ne peux pas
savoir comme je t'admire même si je ne te connais pas, je sais tout ce que tu as fait
pour me retrouver et là il me prends les deux mains et il me dit c'est aussi beau que
dans mes rêves lorsque je croyais que ma maman allait venir un jour me
chercher,pour moi tu seras ma petite mère que je n'ai pas eu....
Je ne pouvais plus parler tellement j'étais émue, d'ailleurs en écrivant j'ai encore les
larmes qui coulent, jamais j'oublierai ce moment....
Nous avons passé une excellente soirée et c'est avec tristesse que l'on s'est quitté.
En rentrant ayant fait plein de photos, j'envoie vite à Sylvie et Anne-Marie, elles
étaient aussi contentes.....
Dans la semaine qui suivit,une lettre du conseil général,j'avais un rendez vous
comme par hasard, ils ont retrouvé mon dossier et je dois me présenter la semaine
suivante ouf enfin je vais peut être en apprendre plus sur le début de mon
histoire......
18
Je ne remercierais jamais assez Annie pour ce moment de bonheur qu'est d'avoir pu
retrouver mon frère, lui qui nous a raconté avoir toujours été en foyer en étant
enfant,il a reçu aussi beaucoup de brimades et de coups étant dans des centres
plutôt pour handicapés mentaux ou tout était mélangé, les cas lourds comme les cas
mineurs, il est arrivé ensuite en IME ou il a été suivi jusqu'à sa majorité puis a intégré
le foyer Rosette DEMEY pour y travailler dans un milieu protégé,il a pu en intégrant
ce foyer bénéficier d'une famille d'accueil pour les week-end, j'ai pu rencontrer la fille
de ces gens décédés, Hervé m'y a emmené lors d'une visite, Sylviane, dame très
gentille qui continue ce que sa maman a fait pour Hervé, en effet les résidents de ces
foyers souvent sans famille ou carrément abandonnés par celle ci,se sentent souvent
plus isolés que les autres,ils ne sont entourés que de gens comme eux,aussi la
famille d'accueil leur permet de vivre autre chose, d'être au sein d'un cocon
familial,ces familles sont bénévoles et sont choisies sur beaucoup de critères,
j'aimerais aussi leur rendre hommage dans mon récit, je reconnais qu'il faut des gens
comme cela......
J'ai pu donc aller au rendez vous pour l'ouverture de mon dossier, hé bien pas trop
tôt, plus de 48 ans après mon placement,je me présente à une annexe du conseil
général comme me le stipule le courrier que j'ai reçu non sans appréhension, je vais
à l'accueil et là on me dirige vers une petite salle d'attente au bout d'un long couloir
et on me dit que le Monsieur va venir me chercher, j'ai attendu un bon moment sans
voir âme qui vive,puis un monsieur d'un certain age se présente,il me demande de le
suivre dans un bureau jonché de papiers avec un vieil ordinateur,les lunettes sur le
nez,il me demande si je me sens bien, oui ? je réponds un peu interloquée et il me
dit je vous demande cela Madame car parfois des personnes ne se sentent pas
bien,si vous avez besoin de quoi ce soit "un verre d'eau, un café,des
mouchoirs"n'hésitez pas j'ai tout ce qu'il faut.... Hé bien me dis-je qu'est ce que je
vais découvrir pour qu'il me dise tout cela... Je l'en remercie et là il prend un dossier
jaunie par le temps avec mon Matricule 36624 et mon nom écrit en grand et là il me
demande ce qui me pousse à ouvrir si longtemps après ce dossier,ce que je suis
aujourd'hui, il me pose des questions sur mon parcours de vie, je réponds à ces
questions et il me dit "prête ?" je réponds oui et là il commence à ouvrir le dossier, il
énumère mon état civil, me lit en premier le jugement de placement, je savais à peu
près, il est écrit pour ma naissance "enfant non désirée par la mère et détestée par
celle ci"cet enfant a grandi dans un climat de violence malgré cela une petite soeur
arrive en second plan et la mère a toujours eu cette rancoeur sur son aînée.
On me lit aussi que la famille a commencé à être suivie à la naissance d'Hervé car la
maternité avait fait un signalement et c'est là que ma mère l'a abandonné mais
provisoirement car elle ne sentait pas capable de faire face à ce bébé pas comme
les autres...ce provisoire a duré toute la vie,pour Anne-Marie on dit que cette enfant
sans père issue d'une relation avec la communauté maghrébine n'a pas fait l'objet de
suite d'un placement mais a accompagné ma mère dans un foyer de mère fille puis
devant la négligence de la mère celle ci a été placée toujours provisoirement à la
pouponnière puis en famille d'accueil et pareil pour Sylvie et Frédéric, eux ont été
confiés dès la naissance à la pouponnière puis mis en famille d'accueil.... Toujours
ce provisoire qui durera toute la vie....
Il me lit aussi que ma mère a pu bénéficier d'un suivi personnalisé,a obtenu un travail
mais n'a pas été à la hauteur,son alcoolisme a pris le dessus et a continué à
fréquenté le milieu maghrébin.
J'ai pu avoir aussi mes résultats scolaires de l'époque,un carnet de vaccination,un
prix cantonal que j'ai obtenu à 12 et demi au CEP, avec les coupures de journaux, ou
était écrit en grand une pupille de l'état obtient le 1er prix du canton avec 9.7 sur 10
de moyenne, les enfants de l'assistance publique ont aussi leur élite...
je me souvenais vaguement de cela mais c'était bien moi sur la photo....
Je demande donc si il n'y a rien sur mes frères et soeurs et il me répond,ils ont leur
dossier personnel,il suffit qu'ils en fassent la demande tout comme vous,je demande
aussi si il y a trace de lettres et là quelques lettres non décachetées,elles me sont
adressées,il me les tend en s'excusant et il me dit oh comment a t-on pu ne pas vous
les donner à l'époque, vous ne saviez pas je suppose? et je parle de ma grand
mère... j'ouvre les lettres et contre toute attente elle étaient écrites par ma mère,la
dernière était datée du 26.10.1971 ou elle me supplie de lui répondre,qu'elle est dans
un foyer et que si elle se tient bien,elle pourra dans un premier temps me reprendre
ainsi que véronique puis au fur et à mesure les autres mais sans les citer et elle
termine ta maman qui t'aime... Ça m'a abasourdie sur le coup, je demande comment
se fait il que rien ne m'a été communiqué,et pour mes frères et soeurs pourquoi je
n'ai jamais pu les voir et je lui énumère les dégâts causés,les maltraitances etc. ... Et
pourquoi avoir laissé ma mère avoir tant d'enfants pour les abandonner, que faisait
les services sociaux de l'époque et là gêné,il n'a pu qu'acquiescer mes dires,il n'y
avait pas de traces de lettres de ma grand mère,puis à la page suivante il y avait une
demande de visite de mon géniteur ou il était inscrit,n'a pas reconnu l'enfant aussi ne
pas donner suite,tiens ça aussi je ne l'ai jamais su...
Je lui parle aussi preuve en main de l'adoption que l'on m'a toujours fait croire et là il
me dit vous savez à l'époque tout ce qui concernait les enfants placés ou
abandonnés c'était tabou,les lois n'étaient pas celles de maintenant, à l'heure
actuelle on ferait de la prison pour de telles choses,les parents n'étaient pas aidés
comme maintenant,on taisait les choses et on ne faisait rien non plus pour le
maintien familial.
De la ,il poursuivit la lecture de mon dossier,et d'un seul coup,une feuille ballante
avec pour inscription "fiche d'admission" il regarde cette feuille et là encore gêné, il
me dit ça c'est une erreur,ça n'aurait pas du être classé dans votre dossier, j'essaye
de voir mais il met cette feuille sur le coté et là je ne sais pas pourquoi,je lui dis vous
permettez et je la prends dans les mains et je lis à haute voix devant sa mine
déconfite, "a été admise dans nos services Farida née le 2.09.1971 fille de (le nom
de ma mère) et de le nom de son père et a été rayée de nos services le 11.01.1972
mais lui dis-je c'est encore une soeur, pourquoi me le cacher ? et là il me répond
vous savez c'est la fille d'un étranger son père a du l'emmené au pays mais c'est
quand même une soeur, elle est née entre Sylvie et Frédéric...
J'étais démontée là, il poursuit la lecture et encore une feuille ballante
on parle de Farida " abandonnée par ses parents à l'hôpital Calmette de LILLE, les
autorités compétentes ont été alertées par le CHU et la petite a été transférée à
BEAUVAIS a la pouponnière ARC EN CIEL pour y être soignée" ça non plus me dit il
ça n'aurait pas du être dans votre dossier.. C'était encore plus fort, donc je n'aurais
jamais su que j'avais encore une soeur, je pense me dit il mais vous savez à
BEAUVAIS c'est en vue d'une adoption lorsque l'on plaçait les enfants à l'époque...
On me l'a déjà fait celle là "L'ADOPTION", il me dit vous pouvez toujours écrire au
Conseil Général de l' OISE vous verrez bien.....
Il m'a fait une copie intégrale de mon dossier même ce que je ne devais pas savoir,je
l'ai quitté complètement anéantie, je dois ajouter quand même que c'est la première
fois que je suis aussi bien reçu, je pense que cet homme a fait son travail mais je lui
ai quand même dit ce que j'avais sur le coeur, j'ai trouvé cela ahurissant....
Rentrée chez moi j'ai épluché le dossier,j'ai pas dormi de la nuit,je me suis dit Farida
est une femme maintenant, je vais lancer des appels sur tous les sites on verra bien
et c'est encore Annie ma bonne fée qui me dit Michèle, elle a été adoptée, as-tu
laissé une lettre dans son dossier.
Et voilà me voilà partie pour rechercher une adoptée mais avant je me suis
documentée pour tout ce qui concerne l'adoption.....je voulais comprendre les
personnes adoptées, leur ressenti etc.....
19
Voilà, j'ai donc bien étudié tous les petits détails de mon dossier, notamment pour
Farida, cela me chiffonnait, cette petite fille née en septembre puis en décembre à
l'age de 3 mois hospitalisée, non réclamée par les parents, mais c'est affreux me disje,
sortante, elle a fait partie des services quelques jours pour y être conduite dans un
autre département cette fameuse pouponnière "ARC EN CIEL" et il est écrit en tout
petit à la main, pouponnière de LILLE saturée.... Je décide donc de faire des
recherches à BEAUVAIS dans l' OISE, la pouponnière, je téléphone et là on me
répond que la pouponnière fait partie des hôpitaux publics et que pour les anciens
services, je dois me rapprocher du Conseil Général, chose que je fais, j'envoie un
courrier demandant si ils ont un dossier avec toutes les coordonnées et preuves de
mon identité, on verra bien me dis-je....
J'ai eu là aussi divers appels concernant mes annonces, souvent bidons ou alors des
arnaques en tout genre mais je laisse ces annonces on ne sait jamais... et là un
dimanche matin vers les dix heures, un monsieur m'appelle, il avait un accent
étranger, très poli, il me dit voilà Madame je répond a votre annonce que vous avez
passé sur le site et je pense que vous recherchez ma fille, méfiante, je lui demande
des détails car dans l'annonce je n'avais mis que le nécessaire et là il me dit avez
vous une adresse mail, je vais vous envoyer mes papiers pour prouver ma bonne foi,
je lui demande quand même quelques explications et là, il me donne bien le nom et
prénom de ma mère, sa date de naissance, les prénoms de Farida à l'état civil, il me
dit avoir vécu avec ma mère et avoir eu cette petite qui était malade mais n'a pas su
m'expliquer exactement quoi, j'ai compris qu'elle avait un problème rénal et que à
l'époque avant de partir en voyage, il avait conduit sa fille à l’hôpital car elle ne
grossissait pas et que ma mère devait aller la rechercher à sa sortie... A son retour la
petite était à BEAUVAIS et en allant sur place soit disant qu'à l'époque il ne parlait
pas bien le français et on lui aurait fait signer des papiers pour la soigner mais
d'après ce que j'ai compris c'est l'abandon qu'il a signé mais je n'ai pas confirmation
de cela...
Du coup j'ai du me rendre à l'évidence il s'agissait bien du papa de Farida..... Mais
toujours méfiante je lui dit que je suis comme lui et que je cherche aussi, il me parle
de ma mère qu'il a quitté aussitôt après cet épisode et me demande ce qu'elle est
devenue, je lui répond elle est décédée et là il me dit ha oui à cause de l'alcool,
chose qu'il ne pouvait pas inventer cela confirma ses dires.....
Peut de temps après, j'ai un appel d’Algérie carrément là c'est un demi frère qui me
dit lui aussi avoir fait des recherches pour retrouver sa soeur, ils ont 5 enfants là bas,
Monsieur HOCINE s'est marié là bas et a fondé une famille et est revenu vivre en
France dans la région parisienne... On en reste là en se disant que chacun faisant
des recherches, le premier qui y arrive hé bien il prévient l'autre.....
Quelques temps après arrive une lettre du Conseil Général de BEAUVAIS,
effectivement ils ont bien un dossier pour Farida et que je peux selon ma demande y
glisser mes coordonnées sous pli caché et que si celle ci demande l'ouverture de son
dossier elle pourra ainsi selon son désir y donner suite...
J'envoie donc ce courrier et je demande si Farida a bien été adoptée et là j'ai un
coup de fil de l'employée responsable du service ASE et elle me demande si on va
être beaucoup comme cela à envoyé des courriers,étonnée je demande pourquoi et
là elle me dit qui est Monsieur HOCINE et Monsieur AMAR car eux aussi m'ont
envoyé la même chose, je compris que le père et le frère de Farida avait fait la
même chose que moi, j'explique donc à l’employée et là elle me dit que Farida n'est
pas restée longtemps à la pouponnière et qu'elle a fait l'objet d'une adoption plénière
et que je recevrais une confirmation de dépôt dans son dossier et me précise qu'elle
n'a pas ouvert celui ci jusqu'à maintenant.....
Je continue donc à espérer quand même un appel si elle se reconnaît suite à mes
annonces....
Entre temps je n'ai pas parlé de tout cela sans être sure à mes autres frères et
soeurs, je ne voulais pas les décevoir et surtout leur faire la surprise si toutefois le
miracle pouvait se produire....
L'attente fut longue, pour moi j'avais à géré un gros soucis familial,les ennuis de
santé de mon mari, hé oui le sort s'acharne, il fallait que je sois à la hauteur mon DD
suite à des problèmes de genoux a bénéficié pour éviter les prothèses car encore
jeune de nouvelles techniques mais les opérations successives, cinq en deux ans
pour finir en fauteuil roulant, celui qui m'a tout donné, qui m'a prise avec mes défauts,
mon passé, mes histoires familiales, le père de mes enfants et celui que J'AIME plus
que tout ne l'a pas supporté, lui qui travaillait plus de quinze heures par jour s'est vu
comme on dit foutu, ça été l'invalidité, le licenciement pour inaptitude au travail et moi
j'ai du donc reprendre un travail à temps complet pour éviter les ennuis financiers, ça
a été une période lourde à gérer, la dépression de mon DD, la lourdeur des taches
administratives car là aussi en matière d' handicap ,il y a beaucoup à faire, ça a été
aussi les longs mois en centre de rééducation mais encore un bonheur mon DD est
debout certes avec les cannes, ce sera à vie mais bon "adieu le fauteuil".
Âpres cet épisode, j'ai repris mes recherches et me suis documentée pour tout ce qui
concerne l'adoption .
L'ENFANT DE LA DASS
Toujours dans le fond de la classe
J'étais cette pauvre môme
Avec des trous a mes godasses
Qu'on surnommait l'enfant de la DASS
Secrètement,j'avais les poings serrés
Ne montrant jamais le moindre chagrin
Devant les méchants sobriquets
Que me lançaient les gamins
Placée dans une famille d'accueil
Ou le quotidien n'était que taloches
La où important était le portefeuille
Que remplissait moi pauvre mioche
Toujours dans le fond de la classe
J'étais cette pauvre môme
Avec des trous à mes godasses
Qu'on surnommait l'enfant de la DASS
Petit poème dédié cette fois-ci a mon petit frère Hervé
A mon petit frère,
Après toutes ces années
Semées de secrets et silences
Après toutes ces années
Frères et soeurs rassemblés
A l'appel,tu manquais
Après toutes ces années
Grâce a ma ténacité
J'ai gagné ma revanche
te voilà petit frère retrouvé
A mes soeurs et frères retrouvés
Mon âme n'a jamais trouvé de repos
Tant que tous ,étions séparés
Dans mon ciel, il ne faisait jamais beau
Aujourd'hui,cette horrible nostalgie l'ai chassée
Je peux enfin,vos joies,vos peines, partager
On a tant de choses à se raconter
Quelques rides sur nos visages doucement déposées
C'est avec joie que l'on s'est retrouvés
Je ne veux pas pour une sentimentale,passer
Mais j'ai peine,mes émotions à cacher
Quand refait surface mon passé
Mais j'ose espérer, qu'enfin, une famille on pourra former
20
J'ai donc appris que ma petite soeur avait été adoptée, là plus difficile, a part la lettre
dans le dossier, encore j'avais de la chance j'avais son nom de naissance (pas le
même que le mien), la date, le nom et prénom de son père avec sa date de
naissance aussi, sa dernière adresse ou elle a habitait dans les premiers jours de vie
avec ma mère, c'était déjà cela, je me suis donc inscrite sur tous les sites concernant
l'adoption même chez les sous X, j'ai lu tous les forums des fois que il y aurait un
appel de sa part, j'ai lu aussi tous les ressentis des personnes qui découvrent
qu'elles ont été adoptées, celles qui par miracle retrouvent leur famille biologique et
même les mamans qui cherchent leur enfant abandonné, j'ai découvert là un monde
aussi avec des souffrances,certes par les mêmes que les miennes mais j'ai
découvert ce manque de racines, parfois la trahison, le cnaop, tous ces organismes
qui leur font parfois croire au miracle et j'ai pu aussi découvrir des retrouvailles, qui
des fois ne se passent pas toujours bien, l'abandon était parfois voulu et d'autres
provoqués souvent par la famille, certes ces enfants adoptés sous x ou non pour la
plupart ont été choyés par une famille en manque de progéniture, mais j'ai pu
comprendre aussi que "UN ARBRE A BESOIN DE RACINES POUR GRANDIR"
Je voulais savoir ce qui m'attendait si je retrouve la trace de Farida,comme le
changement de nom voir prénom et quelque fois j'ai découvert aussi dans ces sites
dates de naissance pour brouiller les pistes etc...
Sûrement elle avait construit sa vie, était-elle au courant des ses origines, savait-elle
qu'elle avait six frères et soeurs ? n'allais-je pas l'ennuyer en arrivant dans sa vie,
voudra t elle nous voir ? toutes ces questions me trottaient dans la tête et elle avait
sa famille, pas facile de passer au second plan, peut être aussi elle avait fonder un
foyer à quarante et un ans c'est pas drôle ?
Enfin bref, j'avais peur de déranger, d'un refus aussi, j'ai donc discuté avec pas mal
de personnes, j'ai partagé et je partage encore des appels, beaucoup sont
malheureusement concernés par ce problème, j'ai lu beaucoup de textes de livres
notamment,"LES ROSES DU MENSONGES, L'ENFANT DE L'OCEAN,DES BLOGS
AUSSI" etc. ...
Et je me suis dit encourage par bon nombre ALLEZ FONCE....
Les semaines passent, les mois...et un jour de nouveau un mail avec pièces jointes,
c'était le papa de Farida avec un acte intégral de naissance de sa fille, je ne sais
toujours pas comment il a fait, je pense qu'il s'est adressé à un "privé"ou alors c'est
une erreur de la mairie de naissance car on ne donne jamais ce document en
l’occurrence à un père qui a apparemment abandonné son enfant mais bon il ne
savait pas quoi faire de ce papier ou était inscrit l'acte retranscrit après le jugement
d'adoption avec le nom de la mère, les nouveaux nom et prénom de Farida et dans
la marge une retranscription au répertoire civil ce qui veut dire probablement sous
tutelle ou handicapée, il y avait par qui elle avait été adoptée et le nom de la ville, et
là le papa me dit je n'habite pas très loin et on a rien trouvé de notre coté....
Ce document précieux me donnait donc tous les indices notamment le nom de la
maman d'adoption directrice d'une maison d'enfants, je me dit est ce légal ? je me
rapproche donc de ma bonne fée Annie, qui est plus à même de répondre et là elle
me dit oui c'est bien cela....
pour la petite histoire cette dame se prénomme Anne-Marie (prénom d'une autre
soeur) et elle a donné à Farida comme prénom Marie....
Je recherche donc sur le net cette maison d'enfants qui n'existe plus mais on me
dirige sur "COPAINS D'AVANT" et là une dame "Véronique" (encore une coïncidence
même prénom que ma cadette) recherche des anciennes camarades de cette
maison d'enfant et elle précise que sa maman en a été directrice de telle date à telle
date, je tente le coup j’envoie un message pour lui demander si elle a un lien de
parenté avec Mme Anne-Marie .... née.... etc. ... et surprise elle me réponds oui c'est
une personne très proche et me dit qui êtes-vous ?
Mon coeur battait la chamade mais je me lance je lui raconte un peu ce que j'ai
découvert et elle me réponds oui cette personne est ma mère et Marie est ma soeur,
elle me donne un numéro de téléphone ou je peux la joindre et là j'ai une personne
charmante qui me dit avoir été adoptée aussi et que elle et Marie sont donc soeurs et
qu'elle va contacter sa maman qui est plus à même de me répondre mais que Marie
va bien, qu'elle a un travail, un copain etc. ..
J'ai raccroché et j'ai donc attendu un signe de Mme Anne-Marie....
J'en étais toute bouleversée "ça y est enfin on est presque au complet"mon rêve "LA
PHOTO DE FAMILLE TOUS REUNIS"....
21
Voilà donc que Véronique a contacté sa maman pour lui faire part de mon appel,et
que celle ci va me contacter dans un premier temps par mail, peut de temps après je
reçois donc un mail de Mme Anne-Marie....
'je suis la maman de Marie, et par là même de Farida. Je sais que vous la
recherchez depuis longtemps.. Sachez que SI ELLE LE SOUHAITE, je ne
m'opposerai pas à ce que votre recherche aboutisse. Il va cependant vous falloir
avoir encore un petit peu de patience!!.. car je ne lui parlerai de ceci que lorsqu'elle
sera en congés, en fin de mois de juillet. Elle est assez fragile, et il est mieux, je
pense de ne pas la perturber dans son travail. A bientôt, je ne manquerai pas de
vous tenir au courant de ce qui vous tient à coeur, et je le comprends très bien. Bon
courage, et soyez certaine, que je comprends votre démarche, mais que la vie, et
l'avis de Marie ne m'appartiennent pas...."
Inutile de dire que j'ai lu et relu ce mail,mes craintes commençaient à se confirmer
Marie ne pouvait pas ou ne savait pas me contacter directement ? cette inscription
sur l'acte de naissance dans la marge "Handicap" ? cette question me trottait dans la
tète, encore un ravage du au comportement de ma mère ?
Je réponds donc à cette dame
"tout d’abord je salue le geste d’amour que vous avez fait pour Marie, je comprends
tout à fait votre sentiment et cela n’enlèvera en rien “vous serez toujours sa maman”,
je sais aussi pour la fragilité et bien évidemment je respecterai son avis même
négatif, je dois dire que je me sens apaiser de la savoir entre bonnes mains après le
reste seul l’avenir nous le dira, je vous prie de croire qu’il n’est pas dans ma
démarche de perturber ou casser les liens de votre famille et je puis vous assurer de
ma plus grande discrétion. Comme vous le savez j’ai attendu ce moment depuis
longtemps, le terrain en jachère qui m’habite est à moitié cultivé alors j’ose espérer
une récolte. Je vous remercie, Madame, et j’attendrais de vos nouvelles, je me
permets de vous communiquer mon numéro de portable ........ cela vous sera plus
facile pour me joindre A bientôt Michele"
Puis une quinzaine de jours après de nouveau un message.
"Les jours passent.. d'ici peu j'expliquerai à Marie, le souhait que vous formulez à
son égard. Je voudrais toutefois, vous donner quelques renseignements qui peuvent
peut-être vous aider : Si elle souhaite vous trouver, et également si sa réponse vous
décevait.
J'ai adopté Véronique , puis Farida, elles avaient toutes les deux cinq ans, l Il y a
souvent dans ces établissements des enfants handicapées, malades, à gros
problèmes sanitaires pour qui, un placement en famille d'accueil, n'est pas
envisageable. C'était le cas pour Farida souffrant d'une insuffisance rénale
chronique, nourrit très très longtemps avec du lait maternel que son organisme
assimilait bien. L'alimentation diversifiée s'est faite avec beaucoup de précautions, et
lorsque Farida est arrivée chez moi, je pesais encore ses aliments. Il a fallut
commencer les dialyses à dix ans. Greffée deux fois, la dernière fois il y a 4 ans, Elle
va bien, travaille en atelier protégé, très stable et motivée dans son travail.
mais reste fragile dans bien des domaines. Elle a un petit copain, mais ne vit pas
avec, Elle a besoin de calme, est assez peureuse, renfermée, versatile. Son origine
mi-française, mi-algérienne, ne lui a jamais fait plaisir, et quand elle a une idée en
tête !!!
Elle est cependant très attachante, je l'aime beaucoup comme elle est.
J'espère que ceci va répondre un peu votre attente,
Lors de l'adoption j'ai choisi le prénom de Marie.. comme vous savez"
Et voilà mes craintes étaient fondées,je comprenais et là j'ai senti en lisant cela la
protection de la maman ....
Ce mail m'a bouleversé ainsi ma petite soeur avait aussi souffert toute sa vie certes
pas la même manière que moi et certains de ma fratrie...... J'attendis de nouveau des
nouvelles.. tous les jours je scrutais le moindre message....
Puis enfin il arriva.
"J'ai vu ces jours ci.. Marie. Lui ai expliqué votre démarche.. simplement, je crois. Sa
réaction a été tout de suite, l'émotion..puis l'inquiétude. Très peu d' enthousiasme..
c'est, je pense compréhensible. Nous aurons sûrement l'occasion d'en reparler
toutes deux.. Je lui ai proposé de réfléchir....
Pour elle, tout ce qui est inconnu est très difficile. Elle n'a pas d'amies.. se plaît chez
elle, et craint la compagnie. Enfin ! si Marie changeait d'avis .. Si tel était le cas je
n'hésiterai pas à vous téléphoner, mais préfère pour le moment, me servir de
l'ordinateur.
Cela aurait été plus facile, si vous aviez eu le même souhait toutes les deux.
Pardonnez la déception que je vous cause, vous méritiez tant ! ."
Là évidemment la déception, le pourquoi et le comment firent partis de mon
quotidien.... mais après réflexion je me suis dit je débarque au bout de 41 ans dans
sa vie, elle si fragile j'ai du lui faire peur mais mon espoir est toujours intact on verra
bien...
Je réponds à Mme Anne-Marie et je lui communique pour mes frères et soeurs, les
noms prénoms date de naissance pour le cas ou et je la remercie vivement de
m'avoir répondu...
Certes j'aurais aimé pourvoir communiquer autrement que par mail, cela est
tellement impersonnel mais c'est ainsi......
Le dernier message reçu après les vacances de Marie....
" Merci de votre message.. Marie n'est pas venue nous voir pendant ses congés..
quelques coups de téléphone seulement. La seule fois où j'ai tenté de communiquer
avec elle à ce sujet, j'ai compris qu'elle était "au calme et qu'elle n'envisageait rien
d'autre".. Excusez ceci.. C'est triste pour vous, j'en conviens, la vie est ainsi faite. Ma
Véronique aurait été enthousiaste elle, si cette possibilité lui avait été donnée.. Marie
n'a jamais rien souhaité à ce sujet et je ne suis pas tellement étonnée de son
comportement . De toutes façons, je garde toute notre correspondance.. Qui sait ?
Marie est influençable pour certaines choses, obstinée pour celles que je considère
comme importantes. Si du nouveau survenait, je vous préviendrais bien sûr. Soyez
tous heureux tout de même."
Voilà le verdict.... Heureux Non bien sur, j'ai mis au courant un par un mes frères et
soeurs et pour tous LA DECEPTION, notre photo de famille impossible, il manque un
maillon, Marie est en sixième position dans la fratrie et il y a un trou dans la
chaîne.....
Depuis j'espère toujours un signe....mais rien....
Je reste cependant en contact avec Véronique (la soeur de Marie),Personne très
charmante que je n’embête pas bien sur avec cette histoire, notre relation est
purement amicale.....
VOILA LA FIN POUR LES RECHERCHES.....
QUEL GACHIS TOUT CELA.....
DANS MON COEUR DE GRANDE SOEUR IL Y A 5 PETITS SACS DE REMPLIS
ET UN 6 EME VIDE ....J'ESPERERAIS JUSQU'A LA FIN DE MES JOURS DE LE
COMBLER....
22
Aujourd'hui après toute ces années je suis bien fatiguée, l'age avançant je ressens
bien souvent de la nostalgie, je ne me suis jamais occupée de moi, j'ai toujours été là
pour les autres, c'est plus fort que moi il faut que je tende la main aux plus faibles,
aux opprimés, ceux dans la détresse etc...
J'ai été une épouse attentive, une maman parfois possessive, j'en conviens normal
avec mon passé, il ne pouvait en être autrement du moins pour moi, je ne voulais
surtout pas reproduire ce que j'avais vécu, j'ai protégé mes enfants de tout peut être
aussi un peu beaucoup, rassurez vous ils sont tous les trois, bien dans leurs baskets,
mes trois gars ont tous une situation, bien dans leur tète et je pense de bons maris et
l’aîné vient de nous donner un beau cadeau "Une petite Chloé" et mon cadet sera
papa au mois de juillet, maintenant j'aimerais me reposer vivement la retraite LOL
même si mon travail me plaît beaucoup, mais "Auxiliaire de vie « chez les personnes
âgées" ce n'est pas de tout repos.....
Avec ma famille retrouvée, je tisse des liens petit à petit, je suis bien évidemment
plus à l'aise avec ma cadette qui je viens de l'apprendre est gravement malade, son
silence ces derniers temps m'a mis la puce à l'oreille, mon petit frère Hervé lui pas de
soucis il est en manque d'attention et d'amour, Sylvie attend un heureux événement
à quarante deux ans pas facile à gérer, Anne-Marie coule des jours heureux avec
son nouveau compagnon et Frédéric qui vient d’être papa pour la deuxième fois est
plutôt celui qui essaye de retenir mon attention là aussi un manque de repère "la
grande soeur comme il dit elle sait "et ce vide qu'est marie à qui je pense sans cesse,
je crois qu'il en sera toujours ainsi..... je ne sais pas à quoi elle ressemble ni à qui,
pas de photos donc je l'imagine comme peut le faire une soeur....
Pour mon oncle, c'est ses enfants devenus grands mariés et père ou mère de famille
qui ont repris depuis peu contact avec moi, eux ne sont pas responsables de tout
cela mais moi après toutes ces années, je n'ai pas envie de le revoir, c'est un vieux
monsieur, peut être a t il des remords ? il demande des nouvelles par l'intermédiaire
de ses enfants et s'il le faisait lui même peut être que cela n'aurait pas la même
signification pour moi mais voilà..... Voilà mon histoire s'achève, j'espère RESPIRER
et vivre maintenant....
FIN
Michelle – Michelle